Si beaucoup de facteurs conjoncturels concourent à une meilleure intégration de la défense européenne, on voit qu’elle peut encore se développer à « traité constant » mais aussi chercher dans la méthode communautaire des relais techniques et politiques. Beaucoup y semblent aujourd’hui disposés.
Relancer l’Europe de la défense : la voie du fédéralisme
Re-launching European defence: the way to federalism
Whilst many factors are combining to encourage better integration in European defence, it is clear that more could be done within existing treaties as well as in seeking new political and technical ways to advance through common commitment. The author suggests that the latter ideas are raising much current interest.
À l’approche du Sommet de l’Otan, fin mai à Chicago, la conférence de sécurité tenue à Munich le 4 février 2012 a enregistré la réorientation des États-Unis au bénéfice de l’Asie et du Pacifique ; elle marque un tournant pour la défense européenne. L’Administration Obama est désormais demandeuse d’une plus grande « autonomie stratégique » de l’Union européenne (UE), c’est-à-dire d’un rôle accru de cette dernière en matière de défense. Les dernières annonces politiques du « Conseil des Affaires étrangères de l’UE en formation défense » du 22 mars 2012 sur des projets de mutualisation capacitaire augurent-elles d’une relance de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) ?
Depuis l’intervention en Libye, sous l’effet de la crise financière et du désengagement américain, des défis sécuritaires voire de possibles « surprises stratégiques » (tel le dossier nucléaire iranien), la relance de la défense européenne est plus que jamais nécessaire. Il y a en effet une forte demande du citoyen. Selon un résultat constant des sondages « Eurobaromètre », les trois-quarts des personnes interrogées plébiscitent une défense commune. Les industries européennes de sécurité et de défense soutiennent également cet objectif (1). C’est ce que soulignait récemment Jacques Delors qui appelait à ne plus se focaliser sur la crise financière et sur l’euro et à valoriser d’autres dimensions de la construction européenne.
Pourtant, la frustration est de mise tant la réalité demeure en deçà des effets d’annonce. Les dirigeants européens ont « survendu » à leurs opinions ainsi qu’à leurs partenaires américains les soi-disant « acquis » du Traité de Lisbonne. Les mécanismes de « coopération à la carte » prévus par le Traité de Lisbonne ne sont pas mis en œuvre parce qu’ils ne sont adaptés ni aux enjeux opérationnels des forces armées ni aux besoins des industries de défense. Le blocage britannique fait obstacle à la préférence française pour une planification stratégique autonome de l’UE (État-major européen).
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