En ces temps budgétaires troublés, l’on entend souvent le discours suivant : étant donné les coûts croissants des programmes d’armement, les faibles quantités commandées et la rigueur budgétaire frappant l’Europe, un renforcement de l’intégration européenne s’impose en matière d’armement.

L’Europe de la défense, entendez par là l’européanisation de l’offre et de la demande d’armement, sauvera nos industries d’armement, notre compétitivité, et de ce fait même, notre autonomie stratégique. Bien sûr, l’adjectif possessif est à comprendre à l’échelle européenne et non nationale. Étrangement, l’on s’étonne de constater qu’il n’est jamais présenté d’alternative : c’est l’immobilisme ou l’Europe. Ce positionnement soustrait au débat toute interrogation sur les conséquences de l’option européenne. Pourtant, les questions ne manquent pas : est-ce si efficace ? N’y a-t-il aucune répercussion négative ? N’y aurait-il pas une autre possibilité, même simultanée, par exemple en s’attaquant directement aux questions financières ? Parce qu’il est bien évident qu’un changement d’échelle n’affectera qu’à la marge la croissance régulière des coûts.

Nous nous proposons donc de contribuer à combler cette lacune dans la réflexion en explorant ce que serait une Europe de l’offre et de la demande d’armement. Si nous devons l’adopter, autant savoir ce qui peut nous attendre.