Les Russes sont entrés en Géorgie en 2008 avec des T62, à l’époque du T90 dont ils sont les concepteurs. Paradoxe de la part de cet ancien adversaire avec lequel le monde occidental avait engagé une course à la domination technologique durant plusieurs décennies ? Incapacité à déployer les équipements récents ? Non, simple adaptation à la Tchétchénie d’où ces divisions ont été prélevées par proximité géographique. Meilleur débattement en site de la tourelle (non négligeable en zone urbaine), empreinte logistique faible, formation des équipages simple, ces éléments ont certainement joué dans la décision en contexte de combat, face à la performance supérieure offerte par les technologies récentes.

Comment tirer parti des possibilités offertes par la technologie en évolution, pour gagner plus vite et plus sûrement la bataille tout en protégeant mieux les hommes et économiser ainsi des vies et un effort coûteux lorsqu’il dure ? Comment en tirer parti lorsque la contrepartie provoque une certaine lourdeur, des coûts en augmentation accélérée et ainsi une certaine perte de liberté de décision et d’action ? Un ancien directeur du CDEF en appelait à l’« esprit Logan ». L’« esprit Logan », c’est, à simplifier, se contenter de 80 % rapidement au lieu de s’essouffler à obtenir 120 % dans quinze ans…

Cet « esprit Logan », que l’on pourrait appeler « juste suffisance technologique » ou encore d’« utilisation mesurée des technologies », propose une approche adaptée dans un contexte de finances en diminution, afin que le nombre redevienne un facteur de puissance aux côtés de la qualité des forces et de la qualité du commandement.