Otan - Otan et Pacte de Varsovie - Manœuvres navales - L'Otan et la crise française
Otan et Pacte de Varsovie
La session ministérielle du Conseil de l’Atlantique Nord, tenue à Copenhague du 5 au 7 mai 1958, n’a donné lieu à aucune publicité, à l’exception de la séance inaugurale marquée par les discours du Président Spaak, secrétaire général de l’Otan, du Premier ministre du Luxembourg, M. Joseph Bech, président en exercice du Conseil Atlantique, et du Chef du Gouvernement danois, M. Hans Christian Hansen, au nom de la nation hôte.
L’accent a été mis, dans ces discours comme dans le communiqué final de la conférence, sur les points suivants : tenue en échec sur le continent européen, grâce aux mesures militaires prises au sein de l’Otan, la menace soviétique à laquelle l’Occident doit aujourd’hui faire face a changé de nature et de points d’application : de caractère politique, économique et psychologique, elle s’étend de plus en plus aux parties du monde autres que l’Europe : l’Otan doit donc parer par une solidarité plus grande à cette manœuvre de diversion sur ses flancs. Si, dans le domaine politique, la pratique de la consultation entre États membres a fait accomplir à l’Alliance de réels progrès vers une « véritable communauté des nations libres », de très grands efforts restent à faire pour une réelle coopération économique. Une vaste compétition est engagée avec le système soviétique qui s’efforce d’attirer dans son orbite les pays insuffisamment développés : le progrès économique et social des États membres constitue plus que jamais un facteur essentiel dans cette compétition. Aussi, les ministres attachent-ils « une importance particulière au succès des négociations économiques en cours et à la création de liens étroits entre les pays européens et l’ensemble du monde libre ».
Attachés au principe de la négociation, ils estiment souhaitables « les conférences au sommet », bien qu’ils ne les considèrent pas comme « le seul ni nécessairement le meilleur moyen de procéder à des négociations ou d’atténuer la tension internationale ». Problème allemand et désarmement contrôlé devront figurer à l’ordre du jour d’une telle conférence en prenant pour base les propositions occidentales du 29 août 1957.
La question de l’Afrique du Nord n’a pas figuré dans l’examen de la situation internationale auquel a procédé le Conseil. Excipant du fait que le Gouvernement était démissionnaire et chargé seulement de l’expédition des affaires courantes, le ministre français des Affaires étrangères n’a fait aucune déclaration sur le problème algérien.
En réplique à la conférence de Copenhague, le Comité politique du Pacte de Varsovie (Albanie, Allemagne orientale, Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie, Union soviétique) a été réuni à Moscou, du 24 au 27 mai 1958. Le communiqué publié simultanément dans les capitales des États du bloc soviétique à l’issue des discussions annonce de nouvelles réductions dans les forces armées de l’Est, réduction portant pour l’année en cours sur 419 000 hommes dont la réduction précédemment annoncée de 300 000 h des forces armées soviétiques.
« Partisans d’une liquidation de tous les blocs et groupements militaires dont l’existence mène à une tension internationale et crée un danger constant de conflit, les signataires du Pacte de Varsovie proposent un pacte de non-agression avec l’Otan où figureraient les engagements mutuels suivants :
– non-recours à la force ou à la menace ;
– non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ;
– solution dans un esprit de compréhension et de justice de toute question litigieuse entre États par des moyens pacifiques et par négociation directe entre États intéressés ;
– consultation mutuelle devant toute situation risquant de menacer la paix en Europe.
Approuvant chaleureusement la décision soviétique de renoncer à poursuivre ses expériences nucléaires, les États-membres du Pacte de Varsovie déclarent appuyer la proposition polonaise de “désatomisation” de l’Europe centrale connue sous le nom de plan Rapacki. »
Les éléments de la délibération de Moscou n’apportent pas de novation dans les rapports Est-Ouest : si la réunion du Comité politique du Pacte de Varsovie avait un but bien net de propagande pacifique, il est à noter que le ton des communiqués et des discours est resté dans son ensemble assez modéré.
Manœuvres navales
Des bâtiments de guerre et des unités aériennes des États-Unis et du Canada ont pris part, au cours de la première semaine de mai, à des manœuvres côtières dans la sous-zone canadienne de l’Atlantique. Sous le patronage de SACLANT, ces exercices qui visaient essentiellement à l’entraînement commun à la protection des convois ont été dirigés par le commandant de la sous-zone canadienne, le contre-amiral Hugh Puller.
Un exercice stratégique allié naval et aérien de plus grande envergure s’est déroulé en Méditerranée, de Gibraltar aux Dardanelles, du 19 au 24 mai 1958, sous la haute direction de l’amiral Sir Charles Lambe, commandant en chef des forces alliées en Méditerranée. Participaient à cette manœuvre Medflex Fort des unités navales et aériennes de six pays : États-Unis, France, Grande-Bretagne, Grèce, Italie et Turquie, ainsi que les organisations de défense aérienne françaises et italiennes et des avions maritimes portugais. Le thème général en était la défense des convois et des unités de surface contre les entreprises d’une force ennemie dotée de navires de surface (croiseurs et destroyers), de moyens aériens et sous-marins.
La marine française y était représentée par le porte-avions La Fayette, trois escorteurs d’escadre, quatre escorteurs rapides, deux sous-marins et divers bâtiments de soutien. Une revue navale et aérienne a clôturé ces manœuvres le 27 mai 1958 à Malte, en présence du général Norstad (SACEUR) assisté de son adjoint naval, l’amiral Sala.
Le Quartier général de Malte avait reçu, quelques jours auparavant, la visite des auditeurs du Collège de Défense de l’Otan, en voyage d’études vers la Turquie. Les stagiaires du Collège et leurs cadres avaient assisté à bord de diverses unités à des exercices de défense anti-sous-marine.
L’Otan et la crise française
C’est avec une réserve inquiète qu’a été suivie par nos alliés atlantiques l’évolution de la crise française, avec le souci évident des milieux officiels de ne pas intervenir dans une affaire intérieure. Les imbrications du drame nord-africain avec la situation intérieure française ont accru certes la crainte de voir affaiblir dangereusement sur le plan politique comme sur le plan matériel la défense atlantique et accentué le désir d’une issue rapide à la question algérienne.
Certains commentateurs ont soulevé avec l’accession au pouvoir du général de Gaulle l’hypothèse d’un véritable, renversement de la politique extérieure française, notamment vis-à-vis de l’Otan. Rien, dans les premiers actes du gouvernement, n’est venu confirmer une telle appréhension : tous ceux qui ont conscience du rôle essentiel que joue et doit jouer la France dans l’Alliance atlantique ne peuvent que se réjouir de voir consolider l’autorité gouvernementale, ce qui ne manquera pas de se faire sentir dans le jeu des instances internationales, à l’ONU comme à l’Otan. ♦