Il y a quelques années, un nom ignoré jusque-là du grand public, une région mal connue et pleine de mystères pour le commun des mortels, le Sahara, venait brusquement à la mode. Subitement envahi de missions de toutes sortes, de touristes en quête d’émotions, proie des journalistes et des cinéastes, sujet de propagande pour les agences de voyages et les entreprises de transport aérien, il se voyait fouillé de fond en comble ou perforé par les puissantes compagnies de recherches pétrolières et minières comme par le service de l’hydraulique. Espoir d’un prochain développement économique intense pour la métropole et l’Algérie, le Sahara faisait une entrée très remarquée sur la scène politique.

Malheureusement, c’est à peine si dans ce tourbillon, écrivains, journalistes, hommes d’affaires ou hommes politiques ont soufflé mot de la tâche qui fût jadis celle des officiers des affaires indigènes dans la pacification et l’organisation des territoires du Sud algérien. Et pourtant n’est-ce pas à eux, à cette poignée d’officiers commandant quelques centaines d’hommes, que revient la gloire d’avoir donné à la France ce morceau d’empire, au prix de peu de sang, mais de beaucoup de souffrances et d’abnégation ?

Peut-être pensez-vous qu’il est inopportun de convier actuellement au Sahara des énergies et des enthousiasmes qui trouveraient mieux à s’employer dans les unités d’Europe ou de l’Algérie du Nord ? Peut-être pensez-vous qu’il n’est pas normal à vingt-cinq ans, de débuter dans la carrière des armes par un séjour dans un pays où, selon la formule des nomades, il n’y a depuis de longues années que « le bien et la paix » ? Peut-être pensez-vous que c’est déchoir pour un officier qu’administrer, au sens le plus large et le plus noble du terme, des populations sédentaires et nomades ? Mission remplie du point de vue militaire, direz-vous ? Non, la MISSION N’EST PAS TERMINÉE.