La politique du maréchal Tito
Le 6 décembre, le yacht du président Tito, le Galeb, s’engageait dans le canal de Suez. Le chef de l’État yougoslave poursuivait sa croisière après s’être entretenu la veille pendant sept heures avec le colonel Nasser. « Échange de vues sur les questions d’intérêt commun dans l’atmosphère la plus cordiale et dans l’esprit d’amitié qui caractérise les relations entre les deux pays », selon le communiqué. Les conversations devaient reprendre lors de la prochaine visite du maréchal Tito, à son retour au début de 1959.
Ainsi, pour la seconde fois en moins de quatre ans, le président yougoslave entreprenait un long voyage en certains pays du Proche-Orient et du Sud-Est asiatique : des « visites amicales » en Inde, en Birmanie, en Éthiopie, en R.A.U. et des « visites officielles » à Ceylan, au Soudan et en Indonésie. Le voyage devait durer plus de deux mois. Le but du maréchal est évidemment de renforcer les relations de Belgrade avec les pays afro-asiatiques et en particulier avec ceux qui n’appartiennent à aucun des « blocs ». L’U.R.S.S. et la Chine, en conflit ouvert avec Tito, se sont efforcées, ces derniers mois, de lui créer des difficultés partout où s’exerçait leur influence et de le présenter comme « l’agent du colonialisme et de l’impérialisme ». Légende à détruire.
La Yougoslavie, d’autre part, cherche à se procurer en Afrique et en Asie des matières premières — coton et caoutchouc, par exemple — en échange de ses produits agricoles — fruits, légumes, plantes médicinales, viande et volailles — et industriels. Les satellites d’Europe orientale, dirigés par Moscou, s’attachent, par tous les moyens — notamment par le dumping — à paralyser les efforts de Belgrade. Tito veut réagir et défendre ses marchés.
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