Flexibilités chinoises : évolution interne de la Chine (1949-1958)
Jamais l'on a tant parlé de la Chine. Sa Révolution, qui cheminait, s'accélère. Il semble que, pareille à l'avion, elle ait changé de régime ; qu'elle soit passée du moteur à explosion au moteur à réaction. Comment mesurer le « bond en avant » réclamé par les chefs ?
La République populaire s'installait à Pékin, voici neuf ans. Deux plans quinquennaux ont été mis en œuvre ; dont l'un s'achève et dont l'autre commence. Les mots d'ordre succèdent aux mots d'ordre. Ils étonnent, frappent, martèlent les esprits. Des haut-parleurs les gravent dans les cervelles. À la minorité, encore mince, de ceux qui peuvent lire, sont dispenses feuilles, journaux, brochures, livres. La durée moyenne d'un mot d'ordre, d'un slogan (slogan, c'est un anglicisme, un américanisme, qui signifie « cri de guerre ») quelle est-elle ? Elle varie : six mois, un an, rarement davantage. Mais il y a des reprises.
Qui dicte — ou quels considérants dictent — le choix d'un de ces thèmes ? Discernement des chefs ou conjoncture ? Comment naissent les formules lancées par un Mao Tso-tong ? Mais qui est ce Mao popularisé par l'image, personnalisé, et qui souhaite toujours de « n'être personne » ? Son effacement est symbolique, exemplaire ; l'individu veut disparaître, se confondre avec les abstractions souveraines : le Parti, la ligne, les masses. Au fait, son départ de la présidence de la République l'interprèterons-nous comme un acte de dépersonnalisation ou, au contraire, comme un retour à l'individualisme, dans la retraite et la méditation ?
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