Réalités stratégiques en 1939 et vingt ans après
Il y a vingt ans, à Berlin, le 30 avril 1939, je me rendais au ministère de l’Air allemand pour m’entretenir avec le principal collaborateur de Gœring, directeur de son cabinet, responsable de la coordination entre les diverses fonctions ministérielles assumées par le chef de la Luftwaffe et chargé, surtout, de la liaison entre celui-ci et Hitler.
Depuis près de trois ans je voyais ainsi, assez souvent, cette importante personnalité du régime national-socialiste, principalement aux heures où, à l’ambassade de France, nous avions le sentiment que des événements graves étaient en préparation. Les faits ont montré que, dès le premier entretien que j’avais eu avec lui, il avait dit la vérité. Il ne s’agissait à aucun titre d’un informateur ; il entendait servir la cause allemande qu’il n’identifiait pas nécessairement avec les ambitions et les intentions agressives d’Hitler.
Ce jour-là, mon interlocuteur, que dans mes rapports je désignais par X, me révéla la préparation de l’entente germano-soviétique. Le Livre Jaune français dans lequel sont publiés les documents diplomatiques de 1938 et de 1939 relatifs aux événements et aux négociations qui ont précédé l’ouverture des hostilités entre l’Allemagne d’une part, la Pologne, la Grande-Bretagne et la France d’autre part, a reproduit de mon entretien du 30 avril 1939 avec le directeur du cabinet de Gœring (1) le compte rendu que j’en avais fait à notre ambassadeur Robert Coulondre. En voici les passages principaux :
Il reste 95 % de l'article à lire