L'Égypte après Suez
Le colonel Nasser a lentement transformé l’épreuve qu’il vient de subir en un succès personnel. S’estimant à l’abri d’une nouvelle intervention directe depuis que les Russes et les Américains ont rétabli avec l’équilibre atomique la paralysie de toute action échappant à leur contrôle, le Bikbachi est passé à la contre-attaque.
En fait, le colonel Nasser ne sort pas indemne de l’épreuve de ces derniers mois. Tout d’abord, sur le plan économique, la situation de l’Égypte est loin d’être brillante.
Le blocage du canal a produit les mêmes effets qu’un boycottage délibéré : bon gré, mal gré, toutes les nations du monde ont dû emprunter une autre route pour leur commerce. Le potentiel général de l’Égypte ne peut s’accommoder d’une épreuve de ce genre. La population du pays est à prédominance agricole ; plus de 70 % des habitants vivent du produit de la terre. Le revenu annuel moyen est de 37.000 francs par tête. Toute politique de contraction et d’austérité paraît donc difficilement applicable.
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