La tension sino-indienne : premier bilan
Ce fut, pour la plupart des Indiens, un choc lorsqu’ils apprirent, l’été 1959, qu’une longue série d’incidents de frontière avaient eu lieu entre leur pays et le plus grand de leurs voisins, auquel ils avaient toujours apporté leur soutien dans les conseils internationaux. Le Livre Blanc publié par le gouvernement indien révélait une longue suite de fins de non-recevoir ou de rejets des plaintes indiennes, qui remontaient presque au premier accord sur le Tibet de 1954. Bien que les régions contestées n’aient que peu d’importance économique ou stratégique, les problèmes indirectement soulevés ont contribué à modifier le climat politique de toute l’Asie. Outre qu’ils ont gravement détérioré les relations des deux États les plus peuplés du continent asiatique, ces incidents ont, pour la première fois, provoqué une déclaration officielle soviétique qui jette une lumière nouvelle sur la nature de la solidarité sino-soviétique. De plus, en Inde même, le conflit a déjà modifié l’équilibre des forces politiques et il est exploité en vue d’influencer les luttes engagées pour la succession de M. Nehru. Avant de procéder à un examen détaillé des événements et de leurs conséquences, il est peut-être bon de préciser comment les Chinois eux-mêmes voient les enjeux du conflit.
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Les incidents de ces derniers mois portent sur deux régions très éloignées l’une de l’autre, La première se trouve à la frontière du Tibet et de la partie nord-est de l’Inde appelée Agence de la Frontière du Nord-Est (A.F.N.E.), non loin de la frontière birmane. L’autre se trouve à l’extrémité nord-ouest du Tibet, et elle est voisine du Cachemire nord-oriental, actuellement occupé par l’Inde : c’est la province de Ladakh.
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