Otan - Avant le « Sommet » - Réunion des ministres de la Défense - Dans le Haut-commandement
Avant le « Sommet »
Voyages et contacts multipliés de chefs d’États et de gouvernements, reprise à Genève de pourparlers Est-Ouest sur le désarmement suspendu depuis plus de deux ans, évolution accélérée des États d’Afrique ont défrayé la chronique internationale pendant cette période préparatoire à la Conférence au Sommet.
À moins de six semaines de son ouverture, il ne semble pas que les positions soviétiques se soient en quelque mesure assouplies. Bien qu’il se soit défendu de « vouloir enfoncer un coin entre la France et ses alliés occidentaux », M. Khrouchtchev a déclaré, au cours de son voyage en France, que le « militarisme allemand » reste à ses yeux le péril essentiel. Son objectif est d’empêcher l’armement atomique de l’Allemagne et rien ne servirait mieux ses intérêts qu’une rupture de l’entente franco-allemande entraînant avec elle la dislocation toujours patiemment poursuivie de l’Alliance Atlantique. Le problème allemand, dont celui de Berlin est inséparable, dominera donc les entretiens de mai à Paris et il est peu vraisemblable que d’ici là quelque résultat marquant ait été obtenu à la Conférence des Dix sur le désarmement. Avant l’ouverture de celle-ci, le Conseil de l’Otan, dans sa séance du 10 mars, avait eu à participer à l’ultime mise au point du plan occidental et il est depuis lors constamment tenu au courant du déroulement d’ailleurs assez lent de la négociation.
Réunion des ministres de la Défense
Les ministres de la Défense des pays de l’Otan se sont réunis à Paris les 31 mars et 1er avril 1960, après que leurs travaux aient été préparés par une session du Comité militaire. Après des échanges de vues sur « les divers moyens d’assurer la meilleure utilisation des ressources consacrées à la défense en tenant compte de l’amélioration de la situation économique de la plupart des pays membres et des progrès des techniques » (Communiqué de l’Otan du 1er avril), la conférence ministérielle a abordé deux problèmes : la production des armements et l’amélioration du système logistique des forces alliées ; deux domaines dans lesquels une collaboration réelle est rendue particulièrement difficile par les impératifs nationaux et le caractère concurrentiel des industries.
Il est évident qu’une unification des principaux matériels d’armement et une répartition judicieuse des tâches entre les pays membres en fonction de leur capacité industrielle et de leur vocation propre permettrait de sérieuses économies en évitant doublements et chevauchements tant dans les études et recherches qu’au stade même de la production. Malgré les efforts du Bureau militaire de standardisation de l’Otan, les résultats obtenus sont faibles ; ils sont dus davantage aux initiatives de tels États-membres passant entre eux des accords bi- ou multilatéraux que d’une action propre de l’organisme de l’Otan. Diverses suggestions ont été présentées pour resserrer cette coopération.
Il en va de même pour le soutien logistique des forces armées qui restait depuis les origines une responsabilité nationale. Si une véritable intégration des divers systèmes logistiques, préconisée notamment par le ministre allemand de la Défense, M. Strauss, n’apparaît guère possible, il n’en reste pas moins que des mesures peuvent être prises pour une plus grande souplesse dans le jeu des approvisionnements.
Le problème de l’importance des stocks à entretenir a été également envisagé : sur un rapport de M. Watkinson, ministre britannique de la Défense, la conférence semble s’être orientée vers une réduction des exigences jusqu’ici définies par le commandement quant à la durée pour laquelle il y a lieu de les prévoir. Les économies ainsi réalisées pourraient permettre un renforcement des moyens de riposte immédiate La nécessité vitale pour l’Allemagne fédérale de disposer de bases d’entraînement et de ravitaillement hors de son territoire a fait aussi l’objet de l’étude des ministres.
Aucune véritable décision n’a conclu ces pourparlers qui orientent néanmoins le travail des organismes techniques de l’alliance. Ce travail se poursuivra dans le détail et fera l’objet de propositions ultérieures au Conseil. Celui-ci, en effet, a seul pouvoir de décision puisque ses membres représentent leurs gouvernements respectifs et qu’en cette matière les points de vue économiques et financiers peuvent prévaloir sur les seules considérations de défense.
Dans le haut commandement
Comme il avait été annoncé dans les précédentes chroniques, le retrait, sur sa demande, de l’amiral Wright, Commandant suprême allié de l’Atlantique depuis six ans, a pris effet le 29 février. Au cours d’une cérémonie à Norfolk (Virginie), SACLANT a passé ses pouvoirs à l’amiral Robert L. Dennison. L’amiral Dennison exerçait, à titre national, le commandement des forces navales américaines de l’Atlantique oriental et de la Méditerranée.
Autre mouvement important dans le commandement naval, le gouvernement britannique a fait connaître que l’amiral Sir William Davis serait remplacé en mai par l’amiral Sir Caspar John dans sa double fonction de commandant de la Home Fleet et de commandant en chef allié du secteur Est de l’Atlantique. Le nouveau titulaire de ce haut poste a fait toute sa carrière dans l’Aéronavale.
Enfin, dans le commandement allié en Europe, les hautes responsabilités qu’assumait le général d’armée Jean-Étienne Valluy comme commandant en chef des forces alliées Centre-Europe vont, du fait de l’inexorable limite d’âge, être transférées à un nouveau titulaire. En prévision de son prochain départ, c’est le commandant en chef en Algérie, le général d’armée aérienne Maurice Challe que le Conseil des ministres a mis à la disposition du Commandant suprême allié en Europe (SACEUR) pour remplacer le général Valluy. C’est la première fois qu’un général de l’Armée de l’air exercera le commandement en chef à Fontainebleau.
Colonel du Plessis
Errata
Une double erreur, dont nous nous excusons auprès de nos lecteurs et qu’il importe de rectifier, s’est glissée dans la rédaction de la précédente chronique :
– à la page 741, le paragraphe consacré aux « Manœuvres d’hiver », mentionne qu’elles ont été dirigées par un général allemand, le Général Frank W. Farrell.
Le Général Farrell est un général américain (il commande en Allemagne la VIIe Armée US).
– à la page 742, au paragraphe « Commandement » : c’est à tort que nous avons annoncé une décision du Conseil des Ministres relative au remplacement de l’amiral Barjot.