Fondements et perspectives de la politique coloniale anglaise (fin)
Depuis plus d’un siècle, l’Angleterre a donc considéré comme impossible et non souhaitable toute intégration d’une colonie d’outre-mer à la vie nationale. Même lorsque cette colonie était géographiquement, ethniquement et socialement européenne, comme à Malte, elle a répugné, en définitive, à une intégration complète et y a renoncé.
À la différence du Français qui a formé son territoire national, son pré carré, par une lente acquisition de terres ; qui est habitué depuis des siècles à mesurer la fortune à la possession du sol ; l’Anglais, qui a fondé sa richesse et sa puissance sur les échanges et les biens mobiliers, a toujours considéré que la colonisation de terres n’offrant aucun intérêt économique ou stratégique devait être repoussée (2). Il a pensé, d’autre part, que cette colonisation n’avait nullement pour fin de conserver à tout prix des territoires sur lesquels flotte le drapeau national, mais de les développer et de les conduire progressivement à maturité, en conservant alors l’amitié des peuples émancipés, après qu’ils aient été dotés du minimum de moyens indispensables pour leur éviter de tomber dans l’anarchie : de telle sorte que les richesses matérielles et spirituelles créées par l’effort commun continuent, par la sympathie, les courants d’échanges établis, la culture et les habitudes, à bénéficier équitablement aux uns et aux autres et à accroître leur prospérité commune.
L’Angleterre a compris que les liens juridiques qui ne sont pas l’expression de faits réels sont illusoires et même dangereux ; que si les liens les plus solides, en dehors des liens de l’autorité et de la force, sont à base d’intérêts, les liens sentimentaux, sans lesquels les attaches culturelles sont fragiles, sont également primordiaux. Elle a retenu de l’histoire, que c’est l’image de ses derniers jours qui marque, dans la vie des peuples, le souvenir d’une dynastie ou d’un suzerain ; et que les bienfaits et les exploits accomplis durant leur existence ne comptent guère s’ils finissent dans la haine ou dans le mépris.
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