Les musulmans et l’Islam devant la technique
L’inaptitude des Musulmans, et singulièrement des Arabes, à la technique, ou du moins leur dépaysement devant elle, est une de ces idées communément reçues, qui sont passées à l’état d’axiome et ne provoquent plus guère de discussion. Quelques personnes, qui se prévalent de leur expérience de l’Afrique du Nord ou de l’Orient, affirment, et appuient de plusieurs exemples « vécus », cette incapacité, corroborée d’ailleurs par la notion familiale du « fatalisme musulman » ; et le « bon sens » populaire l’admet aisément.
Au demeurant, on peut même citer dans ce sens quelques bons connaisseurs de l’Islam moderne. C’est ainsi que le professeur G. Bousquet, appelé lors d’un récent colloque scientifique à répondre à cette question : « Dans quelle mesure l’enseignement dogmatique a-t-il pu entraver l’évolution des institutions économiques et sociales de l’Islam ? », déclare sans ambages : « Durant des siècles l’Islam est resté à peu près figé, en face d’une Europe qui évoluait rapidement, bien qu’au haut moyen-âge les pays musulmans dépassent en civilisation l’Europe occidentale… Le renouveau actuel de l’Islam semble une pure imitation de l’Europe, et, de nouveau, partielle… ; au point de vue technique et surtout pour la recherche scientifique, la nullité de l’Islam est parfaite… D’une façon générale, la mentalité scientifique moderne est quelque chose d’étranger à l’Islam ». L’auteur, dont on n’ignore d’ailleurs pas le goût pour les formules tranchantes, ajoute cependant, aussitôt, cette nuance d’une certaine importance : « Il ne s’agit pas des applications techniques » (1). En somme, les peuples musulmans seraient capables d’emprunts techniques, d’imitation, mais non de recherche originale et d’invention. Simples utilisateurs, mais inaptes à la création et à la découverte, ils demeureraient irrémédiablement au deuxième rang. Et n’est-il pas exact que ces peuples ne figurent nulle part, à l’heure actuelle, en tête des grandes réalisations techniques, ni même à une place honorable en ce domaine ?
De « l’histoire scientifique » de l’islam à l’exégèse concordiste du coran
Contre ces constatations, qui blessent leur amour-propre, les Musulmans d’aujourd’hui s’élèvent avec force, mais à vrai dire, d’une manière souvent bien peu convaincante pour des Occidentaux.
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