Ce que je pense de la coexistence pacifique
Les éditeurs ont réuni dans cet ouvrage des extraits de discours, de conférences de presse, d’écrits de Khrouchtchev, en vue de faire le point des idées de l’homme d’État soviétique au moment où il vient en France en visite officielle. Tous ces textes sont connus, et ont fait l’objet de publication et de commentaires dans les journaux ; le lecteur n’y trouvera donc rien qu’il ne connaisse déjà. L’intérêt de cette anthologie est qu’elle regroupe et ordonne des idées, dont il est inutile de souligner l’importance sur le plan mondial.
La coexistence, dans l’esprit de M. Khrouchtchev, n’est pas seulement la renonciation à la guerre pour régler les litiges entre les États. Elle implique pour tous l’obligation de respecter les opinions des autres et de ne s’immiscer d’aucune façon dans leurs affaires intérieures. Elle suppose l’égalité des droits dans les relations politiques internationales. Elle est surtout et essentiellement « une compétition pacifique pour la meilleure satisfaction de tous les besoins de l’homme ».
Mais M. Khrouchtchev insiste sur la distinction qu’il faut faire, selon lui, entre la lutte idéologique et les rapports entre les États. Il est illicite et monstrueux de recourir à la guerre par les armes, notamment par les armes atomiques ; mais il est licite de répandre des idées. On voit mal comment, dans le monde moderne, cette diffusion des idées, souvent agressives, peut se faire dans une ambiance de sérénité et d’objectivité, et les opinions de M. Khrouchtchev portent en elles-mêmes leurs contradictions.
C’est à ces thèmes généraux que répondent les textes recueillis dans cet ouvrage, les uns présentés de façon objective les autres de façon familière, d’autres de façon véhémente. On y trouve les multiples aspects de la personnalité de l’homme d’État soviétique ; et c’est peut-être finalement ce que le lecteur retiendra le plus, ce portrait psychologique de M. Khrouchtchev à travers ses paroles et ses écrits. ♦