Après vingt années d’activités expéditionnaires à la fin de la guerre froide, on voit se dessiner une posture nettement moins interventionniste de l’Alliance atlantique. Une Otan qui interviendrait moins garderait son utilité de canal d’échanges stratégiques entre Américains, Européens et Russes, de socialisation de nouveaux venus et de dissuasion pour couvrir de nouveaux secteurs de vulnérabilité collective.
L’Otan face à la fin du modèle expéditionnaire
NATO faces up to the end of the expeditionary model
After 20 years of expeditionary activity since the end of the Cold War, NATO now seems to be adopting a far less interventionist posture. The author proposes that a NATO which intervenes less will be far more beneficial as a channel of communication between Americans, Europeans and Russians, as a means of welcoming and educating new members, and as a means of deterrence covering new sectors of collective vulnerability.
L’Otan, dont la fonction première durant la guerre froide fut de se préparer à une bataille qui n’advint jamais, a survécu à la disparition de son principal adversaire pour devenir une organisation d’emploi opérationnel, suivant en cela l’évolution des armées occidentales passées d’une posture défensive à une organisation expéditionnaire. Cette prévalence du cycle expéditionnaire serait aujourd’hui sur le déclin pour un ensemble de raisons politiques, stratégiques et financières. Il conviendra donc de s’interroger sur les effets de la fin de ce cycle sur l’Otan qui avait fait de la « transformation » un cheval de bataille et une cause quasi existentielle. La réflexion qui suit revient sur ces évolutions et propose quelques pistes sur l’avenir de l’organisation.
« Projeter les forces » : vingt ans de guerre expéditionnaire
Alors que la guerre froide est en voie d’achèvement en 1990, l’Irak décide de briser le consensus prévalant depuis 1945 et viole les frontières d’un État souverain, le Koweït. La réaction internationale est alors unique par son ampleur et ses conséquences. Au Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis et l’URSS sont d’accord pour condamner l’invasion et, après quelques mois de tractations diplomatiques (et de manœuvre logistique servant à concentrer les forces de la coalition) (1), l’invasion de l’Irak est réalisée rondement en janvier et février 1991.
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