La nouvelle guerre des Boers
Le 31 mai 1961, exactement 51 ans jour pour jour après sa création, l’Union Sud-Africaine est devenue une république et s’est retirée du Commonwealth dont elle était l’un des membres fondateurs et l’un des piliers. Ce retrait, après la 11e réunion — de l’après-guerre — des Premiers ministres du Commonwealth, en mars dernier, était inévitable tôt ou tard, même si le gouvernement nationaliste ne s’était pas lancé dans des mesures de ségrégation raciale ; même si les incidents sanglants de Sharpeville et de Langa n’avaient pas eu lieu en mars 1960 ; même si la république n’avait pas été décidée à la suite du référendum du 5 octobre dernier ; même si d’autres dirigeants que l’inflexible Dr Henrik Verwoerd et ses collègues avaient été au pouvoir.
Ce retrait était aussi devenu inévitable le jour où les anciennes possessions britanniques en Asie et en Afrique avaient été admises dans le Commonwealth comme membres à part entière et dès que le racisme noir sur le continent africain cessa d’être entravé par les dirigeants britanniques. Une politique plus souple à Pretoria, des concessions savamment dosées, une meilleure collaboration avec Londres, eussent retardé le jour de l’échéance, mais il serait tout de même arrivé, car contrairement à d’autres Blancs vivant sur le continent noir, ceux de l’Afrique du Sud n’ont pas de mère patrie qu’ils puissent éventuellement réintégrer.
Le gouvernement Macmillan fit tout ce qu’il put pour que la question sud-africaine fut abordée à Londres, en mars dernier, avec modération. M. Duncan Sandys, ministre pour les relations avec le Commonwealth, fut envoyé eu mission dans les pays de couleur pour tenter de convaincre leurs dirigeants de ne pas confondre les politiques des gouvernements avec les nations elles-mêmes et avec les peuples et pour essayer de leur faire comprendre que l’on pourrait influencer plus facilement le Dr Verwoerd à l’intérieur du Commonwealth qu’en l’en proscrivant. Il eut l’impression d’avoir été écouté car à son retour à Londres la presse britannique annonça qu’une formule de compromis serait trouvée, censurant l’Afrique du Sud, mais lui permettant cependant de conserver les liens actuels.
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