Égypte et Syrie dans l’Orient instable
Affaire de Koweit, éclatement de la République Arabe Unie, reconstitution de la Syrie, « révolution socialiste » en Égypte, tels sont quelques-uns des événements décrits ici même (1) qui ont, durant ces derniers mois, dominé l’actualité dans le Proche-Orient. Il s’agit, à n’en pas douter, des symptômes d’une crise générale qui affecte, à des degrés divers, toute cette région, si importante pour l’équilibre mondial, et doit donc constituer pour nous un sujet de préoccupations sérieuses.
Depuis trois ans, l’Orient n’avait pas subi de bouleversements notables. La crise de l’été 1958 avait été résorbée avec une aisance relative, les États arabes eux-mêmes ayant pris, à l’instigation du Secrétaire Général de l’ONU et sous son égide, la responsabilité de la réaffirmation effective du statu quo. Mais les conditions générales semblent, depuis cette date, avoir bien changé dans le Proche-Orient. La crise de 1958, qui coïncidait avec l’apogée du mythe nassérien, s’était déroulée dans une atmosphère de violence ; elle attestait, à tout le moins, la vigueur de structures en cours de croissance ou de transformations, et la force de sentiments que l’enthousiasme soulevait. Tout au contraire, la crise de 1961 semble faite de manifestations de doute, de fatigue ou de faiblesse ; elle témoigne d’ébranlements profonds, qui compromettent non seulement des constructions excessivement ambitieuses comme celle de la République Arabe Unie, mais aussi, d’une manière plus générale, les assises mêmes de l’équilibre d’ensemble de la région.
Avant de faire le point, en ce début de l’année 1962, de la situation qui règne en Égypte et en Syrie trois mois après leur séparation violente, il sera donc utile de passer rapidement en revue les autres États de l’Orient arabe, et d’essayer d’apprécier leurs ressources et leurs difficultés politiques.
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