Pourquoi le pont sur la Manche ?
Cette question en entraîne une autre, préjudicielle : pourquoi une liaison continue sur la Manche ? Bateaux et avions ne suffisent-ils pas ?
Son insularité a protégé la Grande-Bretagne. Philippe II, avec l’Invincible Armada en 1558, Napoléon au camp de Boulogne en 1805, Hitler avec ses « blitz », ses chalands, ses V1 et ses V2, échouèrent là où, avant eux et avec des moyens nautiques rudimentaires, Jules César, les Saxons, les Danois et Guillaume le Conquérant avaient réussi. Depuis la bataille d’Hastings, il y a neuf siècles, jamais l’île ne fut envahie. Argument de poids contre tout lien matériel, du moins avant les formes aujourd’hui stratosphériques et bientôt sans doute cosmiques d’une guerre éventuelle. Affaiblie, sinon par l’offensive parfois interceptée des V1, du moins par celle des V2, précurseurs du cheminement stratosphérique, l’opposition militaire britannique ne se manifeste plus.
De même, on ne parle plus des avantages psychologiques de l’isolement, qui donne aux hommes vocation de marins — d’autres la possèdent — en leur permettant de conquérir des empires — leur ère est partout révolue — et de développer le commerce international — la production de masse accroît partout la concurrence — ; qui forge des traditions particulières — radio, agences télégraphiques, presse, avions bousculent les particularismes d’antan —.
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