Dans le cadre de la lutte financière engagée par le Gouvernement, les crédits militaires ont été diminués, ce qui, à première vue, semblerait impliquer un affaiblissement de nos possibilités défensives. Or, dans le même temps, M. André Morice, ministre de la Défense Nationale, a annoncé que notre potentiel militaire ne serait pas affecté par ces restrictions, qui doivent être en quelque sorte « compensées » par des réformes permettant une répartition et une utilisation plus rationnelles des crédits disponibles. Mais ces réformes s'inséreront dans le plan mis au point par M. Bourgès-Maunoury au printemps, et qui demeure le cadre conceptuel de notre Défense. C'est pourquoi il nous a paru nécessaire d'« expliquer » la nouvelle politique militaire française, en nous efforçant d'en dégager les principes, les formes et les objectifs.
Deux autres raisons justifiaient cette étude. D'une part, certaines équivoques subsistent, du fait du caractère essentiellement technique de certaines des décisions qui ont été prises, et de l'aspect « futuriste » que quelques commentateurs se plaisent à donner aux travaux scientifiques en matière d'engins atomiques et téléguidés. D'autre part, le Conseil des ministres de l'Otan va, dans quelques semaines, discuter de la nouvelle politique défensive de l'alliance atlantique — et cette politique a été largement inspirée par les conceptions françaises.
Il appartient aux spécialistes de discuter sur les points particuliers de ce « Plan Bourgès-Maunoury » — il était indispensable qu'il fût présenté tel qu'il a été conçu.