L’Alliance Atlantique
L’auteur est bien connu des lecteurs de la Revue de Défense Nationale, qui seront heureux de trouver, dans ce livre, une somme des articles qu’il a consacrés à l’Otan. Le général Valluy, dans une préface qui ne manque pas d’humour, présente l’ouvrage et dit tout le bien qu’il en pense : « M. Claude Delmas associe la conviction à l’aisance et il nous éclaire autant sur nos devoirs que sur notre capacité de résistance ». On ne saurait mieux dire, et cette analyse pourrait s’arrêter là, s’il ne nous fallait cependant indiquer aux lecteurs, d’une façon plus précise, ce qu’ils trouveront dans cet ouvrage.
L’auteur l’a divisé en trois parties. La première traite de la « régionalisation et politisation de l’espace atlantique ». En d’autres termes, et pour reprendre le titre d’un précédent ouvrage de Claude Delmas, il s’agit de la définition et de la description du « monde atlantique ». L’auteur développe cette idée féconde qu’autour de l’océan se développe une civilisation nouvelle, comme autrefois autour de la Méditerranée le monde antique s’était formé.
La deuxième partie porte sur « l’Otan, instrument du destin des Alliés ». Pour nos lecteurs, elle reprendra des idées familières ; mais il est certain qu’il est encore nécessaire d’informer la masse de l’opinion des raisons qui ont conduit à créer l’Otan et de l’évolution qui s’est réalisée dans cette alliance depuis 1949.
La troisième partie traite des questions actuelles de la coexistence. Alors que le communisme a défini ses objectifs, à la fois dans leur nature et dans leurs délais de réalisation, l’Occident ne trouve encore de dénominateur que dans son opposition au communisme. Attitude négative, défensive, qu’il importe de modifier. Or, l’histoire n’est pas déterminée ; elle est ce que les hommes la font. C’est donc bien aux Occidentaux de prendre conscience à la fois de la civilisation atlantique qui est la leur et dans laquelle ils vivent depuis plus d’un siècle, et de l’évolution actuelle du monde, dont la rapidité exclut un recours trop absolu aux leçons du passé. Il revient aux Occidentaux de fixer eux-mêmes les buts de leur action, et de définir l’organisation institutionnelle qui permettra de les atteindre. Le monde atlantique, dit l’auteur, serait devenu conscient de sa cohérence, même si le phénomène communiste n’avait pas existé ; mais, existant, il a « précipité la prise de conscience de cette cohérence » et imposé l’accélération du rythme de l’organisation politique « inscrite dans la logique d’une évolution ouverte depuis plusieurs siècles ».
Ainsi l’ouvrage de Claude Delmas est très complet et contient une démonstration dont il serait difficile de réfuter les traits essentiels.