L’inspection des armements dans l’affaire de Cuba
Ceux qui s’intéressent aux problèmes du désarmement trouveront dans les événements de Cuba de précieux sujets de méditation. Que ce soit à l’origine de l’affaire, pour déceler les préparatifs dont l’île était le théâtre, ou, par la suite, pour interdire la poursuite de ces préparatifs, ou enfin, dans la dernière phase, pour faire respecter l’accord intervenu, les Américains, menacés dans leur sécurité, n’ont cessé d’attacher le plus grand prix aux mesures de surveillance et de vérification. Mais la vigueur et la rapidité des décisions, prises au sommet, qui ont apaisé la crise, contrastent avec les réticences et les atermoiements qui ont mis obstacle aux mesures de vérification : de sorte que ces dernières, en dépit de leur caractère apparemment mineur, ont joué un rôle de premier plan dans le déroulement de l’affaire ; et, la phase critique étant passée, c’est à leur absence qu’est imputable l’absence d’un règlement satisfaisant.
Une première constatation s’impose : devant le danger d’une agression nucléaire, ce n’est pas sur l’arme nucléaire elle-même que s’est portée l’attention, mais sur les véhicules de cette arme. Éclatante confirmation dans les faits de ce principe énoncé par les experts français en 1959 : c’est par les véhicules porteurs qu’il convient désormais de contrôler l’arme nucléaire. Pratiquement, le démantèlement du dispositif en voie d’installation à Cuba s’est effectué par l’élimination des véhicules. D’ogives nucléaires, il n’en était sans doute pas encore question au stade où la crise a interrompu les préparatifs. Mais, s’il y en avait eu, leur découverte eût été bien plus malaisée que celle des moyens de lancement. D’autre part, une fois les véhicules démontés et évacués, quelle eût été l’utilité des ogives nucléaires, à supposer qu’il y en eût ? L’enlèvement des véhicules était le meilleur garant de l’absence d’armes nucléaires proprement dites.
Mais la crise mérite d’être suivie dans son déroulement.
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