Réflexions sur le deterrent
Le terme anglo-saxon de « deterrent » désormais francisé qui englobe les notions (et les moyens) d’intimidation, de découragement préalable, de dissuasion est, sur le plan de la compétition entre les États, vieux comme le monde et éternel. Il s’exprime partiellement, par les adages : « Si vis pacem, para bellum » ou « montrer la force pour n’avoir pas à s’en servir » !
Jadis et naguère, lorsqu’un agresseur ou un défenseur passait outre et par conséquent acceptait la guerre, celle-ci était certes susceptible de rendre sa victoire imparfaite, de vider ses caisses, d’amputer son territoire, de diminuer singulièrement son prestige extérieur et de provoquer dans ses structures internes d’énormes remous mais finalement elle le laissait subsister « vivant », quoique mutilé ou malade. La dissuasion avait pu être pressante ; elle était restée relative.
Aujourd’hui les moyens de « deterrent » demeurent multiples et forment une gamme allant des harcèlements ou coercitions politiques et économiques jusqu’aux armes thermonucléaires, suprêmes engins de destruction invoqués comme « ultima ratio ». Ils sont en effet irrémédiables : en raison de leur invulnérabilité au départ et durant leur brève course (système sous-marin - fusées « Polaris ») en raison de leur portée, de leur précision et de leurs effets à l’arrivée, ils peuvent atteindre et supprimer en n’importe quel point du globe (les États-Unis sont désormais logés à la même enseigne que la Russie) tout objectif, notamment celui constitué par des groupements humains agglomérés dans de vastes cités, sans défense valable. La dissuasion est devenue théoriquement absolue.
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