Agriculture et Défense nationale
Puisque l’occasion m’est donnée d’écrire à l’intention de la Revue de Défense nationale, il serait séduisant, peut-être profitable, de tenter de démontrer l’existence de liens intimes entre les préoccupations de l’Agriculture et celles de la Défense nationale.
Je pourrais aisément évoquer les disciplines qui s’imposent aux responsables de l’agriculture pour assurer la subsistance du pays en cas de guerre ; ou bien analyser le problème de peuplement en soulignant à quel point les déserts constituent le point faible dans un dispositif qui ne peut être défendu que dans la mesure où des hommes y vivent pour le protéger ; ou encore attirer l’attention sur le fait que dans un monde où les cités ne sont plus révolutionnaires, il y a quelque part, répandues dans la nature, des foules d’hommes à la fois trop jeunes, trop nombreux, trop pauvres et trop riches d’idées pour n’être pas un levain révolutionnaire.
Je préfère essayer de brosser le tableau de l’agriculture moderne et laisser à mes lecteurs le soin de déceler sur quels points nos préoccupations respectives pourraient se rejoindre. Lorsqu’il y a quelque deux ans, j’ai été appelé au poste que j’occupe, j’ai tenté une réorganisation du Ministère de l’Agriculture, en y introduisant une certaine logique. Tâche en soi-même très ambitieuse, et sans doute parfaitement artificielle, mais qu’importe : le Ministère de l’Agriculture a trois domaines essentiels qui sont : l’espace rural, l’homme et le produit qui nous fait déboucher sur les problèmes internationaux, sur l’Europe et sur l’organisation mondiale des marchés.
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