Réalités et simplicité en stratégie
LORSQUE les historiens militaires étudient l’influence des moyens d’action sur la stratégie, ils ont soin de mettre en relief les mutations de l’art de la guerre consécutives à chaque apparition d’une arme nouvelle et de souligner que la politique étrangère s’en trouve affectée. Aujourd’hui ces remarques devraient être des clauses de style, depuis que l’ère nucléaire s’est ouverte par les dramatiques bombardements de Hiroshima et de Nagasaki.
Pourtant, il ne semble pas y avoir eu de compréhension immédiate et complète, en ce mois d’août 1945, non seulement chez les militaires, mais aussi chez les hommes politiques, pour cette révolution dans une forme toujours possible des rapports entre les peuples : la guerre.
Les causes de la lenteur d’adaptation de la pensée militaire au « fait nucléaire » tiennent d’abord à l’absence de connaissance immédiate et suffisante de l’arme atomique, dès son origine, et, dans la suite, au maintien d’un secret relatif sur les expériences successives et l’analyse des phénomènes mis en jeu.
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