Le 7 janvier 1957 débutait la bataille d’Alger. Retour sur la guerre d’Algérie avec le témoignage d’un « rappelé », lieutenant de l’Armée de l’air qui livre son expérience et ses impressions dans une volonté d’explication « de ce qui touche à l’état d’esprit des cadres de l’armée ou à la conduite des opérations militaires » : manque de communication, moyens pas toujours adaptés, nécessité et limites de l’interarmées, difficultés liées au conflit asymétrique…
Rappelé en Algérie
Max-Holste MH-1521 Broussard en vol
Quelques semaines après mon retour d’Algérie, où je viens de passer six mois sous l’uniforme, je me décide, non sans quelque hésitation, je l’avoue, à prendre la plume. Je le fais, car à en juger par certaines questions qui m’ont été posées, ou par les conversations que j’ai pu avoir, il me semble que l’opinion métropolitaine, essentiellement orientée sur l’aspect politique du problème, est souvent fort insuffisamment avertie de ce qui touche à l’état d’esprit des cadres de l’armée ou à la conduite des opérations militaires.
Mon intention est de rapporter, très simplement, les impressions les plus marquantes, les questions qui, à l’instar de nombreux camarades, me sont venues à l’esprit, et les surprises que j’ai pu éprouver au cours de ce séjour dans un pays que j’avais connu bien avant les événements actuels. À l’occasion, comparaisons ou rapprochements ont été pour moi inévitables entre les problèmes qui se posent en ce moment en Algérie, et ceux qui, quelques années auparavant, avaient exigé des solutions dans l’ancien Protectorat marocain, où j’ai passé toute mon enfance et Une grande partie de mon adolescence.
Ces impressions d’Algérie, — je tiens à le souligner, — ne procèdent donc nullement d’un esprit de polémique. C’est, plus particulièrement, sous une double optique militaire et ci-devant marocaine, que sont notées les remarques qui vont suivre. Si, elles ne sont pas toujours franchement optimistes, du moins s’efforcent-elles, autant que faire se peut d’éviter l’à priorisme et le parti-pris, et, loin de se vouloir délibérément critiques, cherchent-elles à se montrer constructives. C’est, en tout cas, avec le plus profond souci de m’en tenir à l’objectivité et avec le sentiment de refléter l’état d’esprit d’un grand nombre de mes camarades avec lesquels je viens de vivre pendant six mois, que je les livre ici, en toute indépendance et en toute liberté.
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