Politique et diplomatie - Relations germano-américaines et nouveau départ de la diplomatie chinoise
Dans mon précédent article, j’ai fait allusion aux problèmes internes que le gouvernement des États-Unis s’attachait à résoudre, en même temps qu’il devait s’adapter à l’évolution du système international. De ces problèmes internes, les principaux sont la revendication par les Noirs d’une complète égalité de droit et de fait avec les Blancs, et la résorption du paupérisme. À cette tâche s’était attelé John Kennedy ; et on a pu constater que le Président Johnson entendait maintenir le cap de la politique intérieure américaine avec autant d’énergie que son prédécesseur.
Dans son message annuel sur l’état de l’Union, prononcé le 8 janvier, le Président a annoncé des compressions budgétaires, mais aussi une augmentation spectaculaire de l’aide fédérale pour l’enseignement, la santé publique, la reconversion des chômeurs et l’assistance aux handicapés économiques et physiques. « Le gouvernement, a dit le Président, déclare une guerre sans merci à la pauvreté en Amérique ». C’est donc essentiellement un programme de rénovation sociale interne, une espèce de New Deal, que présente l’administration démocrate en cette année électorale ! À vrai dire, les changements survenus dans la société américaine sont tels qu’il ne dépend plus d’un Président ou d’une Administration d’en orienter le cours ou d’en fixer le rythme. Dans les grandes villes industrielles, l’afflux des Noirs donne à ceux-ci un rôle croissant dans les élections américaines, et les grandes villes sont d’ores et déjà des positions-clés dans la lutte entre les Démocrates et Républicains. Or l’évolution en cours donne aux districts urbains un poids politique toujours plus important par rapport aux districts ruraux. En conséquence, la pression du corps électoral s’accentuera en faveur des candidats réformistes plutôt qu’en faveur des conservateurs.
Si tel est bien le cas, il faut s’attendre à une victoire démocrate aux prochaines élections présidentielles, les démocrates s’identifiant aux réformistes, malgré certains démocrates du Sud, et les Républicains aux conservateurs, malgré un nombre appréciable d’exceptions. Une autre conséquence découlera de cette situation : il est vraisemblable que le Gouvernement des États-Unis sera conduit à consacrer aux problèmes intérieurs plus d’attention et plus d’argent que ce n’était le cas dans le passé. Il est possible, probable même selon moi, que de ce fait, les États-Unis soient dans l’avenir moins soucieux d’assumer la charge d’un leadership mondial, coûteux et astreignant, que de mettre de l’ordre chez eux et dans leur voisinage immédiat. Cela ne signifierait pas pour autant un retour à l’isolationnisme, qui appartient à un passé révolu, mais plutôt à une politique d’« interventionnisme gradué » en fonction des intérêts nationaux des États-Unis.
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