La politique nassérienne en Afrique
À force de répéter que Le Caire est la capitale du monde arabe, dont l’Égypte serait le foyer, on oublie trop que l’Égypte, c’est le Nil ; que le Nil c’est un fleuve africain, qui prend sa source au plus profond du continent noir, à la fois dans les montagnes éthiopiennes et dans la brousse ougandaise qui cerne le lac Victoria.
Arabe, l’Égypte l’est par la culture et par la volonté ; mais elle est plus encore africaine, plus profondément du point de vue géopolitique. Et si, morphologiquement, l’Égyptien est un Africain d’un type assez particulier, son style de vie, ses mœurs, ses conceptions de l’agriculture sont beaucoup moins marqués par ses attaches arabes que par ses origines africaines. Ni le Syrien, ni le Palestinien ne sont jamais tout à fait des paysans. L’homme de la vallée du Nil l’est, profondément, comme celui de la boucle du Niger ou de l’Oubangui.
Le Nil ne rattache pas seulement Le Caire à l’Afrique par les effluves du monde noir qu’il charrie avec lui ; sa vallée est une réalité, et pose depuis des siècles à l’Égypte un problème d’unité. Égypte, Soudan, ou un seul pays ? Peu de Pharaons, moins encore de souverains musulmans regroupèrent les deux tronçons de l’immense vallée, Mohammed Ali s’épuisa à cette tâche. Il y perdit son second fils, brûlé par les tribus noires. Les Anglais y perdirent, eux, Gordon, décapité par les partisans du Mahdi. Puis la monarchie égyptienne tenta à son tour la percée vers le Sud, contrariée par Londres. Farouk se fit proclamer roi du Soudan — en vain.
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