La Turquie devant la guerre. Mission à Ankara (1939-1940)
L’auteur raconte par le menu les événements qui ont marqué son ambassade en Turquie, de janvier 1939 à août 1940. Cette période était évidemment particulièrement délicate, en raison de l’importance qu’avaient, pour les belligérants, les détroits turcs et l’attitude de la Turquie dans la guerre. Ce pays allait devenir l’objet de sollicitations et de pressions de toute nature. Il n’était guère facile, pour le représentant de la France, d’assurer nos intérêts.
Dès son arrivée à Ankara, l’auteur eut à traiter le problème du sandjak d’Alexandrette, pomme de discorde entre la Turquie et la France. Recevant des directives vagues du Quai d’Orsay, que dirigeait alors Georges Bonnet, insistant cependant « au risque de paraître maniaque » sur l’urgence d’une définition claire de notre politique, il eut à la longue la satisfaction de voir signer le traité tripartite entre la Turquie, la Grande-Bretagne et la France. Aux termes de ce traité, les Puissances contractantes s’engageaient à s’appuyer réciproquement en cas d’agression, notamment en Méditerranée. Ainsi la Turquie se rangeait-elle du côté des pays opposés au fascisme et à l’hitlérisme. La non-belligérance italienne, si longtemps prolongée, ne permit pas de faire jouer les clauses du traité, au moment où la France demandait l’armistice et où l’Angleterre restait seule en ligne. Celle-ci accepta de la Turquie qu’elle restât neutre.
La capture des archives de l’état-major français par les Allemands permit à ceux-ci de prendre connaissance des rapports de notre Ambassadeur à Ankara et de voir clair dans le jeu subtil qu’il avait dû mener. Aussi réclamèrent-ils et obtinrent-ils son rappel peu après l’armistice.
On lira ce livre avec intérêt. Il donne des aperçus fort clairs d’une action diplomatique menée dans une des régions les plus névralgiques du monde, sous le coup des plus graves événements. ♦