Dissuasion et stratégie
L’atmosphère de l’OTAN est empoisonnée depuis plusieurs années par le débat nucléaire. Les thèses s’affrontent et se contredisent. Comme toujours dans de pareils cas, l’opinion s’ordonne selon des données plus sentimentales que raisonnables, essentiellement pour ou contre les Américains, alors que, comme on va le voir, le problème est d’un tout autre ordre et requiert, pour être clarifié, de revenir aux concepts fondamentaux sur le rôle des armes nucléaires. C’est ce que j’ai tenté en détail dans mon dernier livre (« Dissuasion et Stratégie », Paris, Armand Colin) et je voudrais seulement ici en indiquer les arguments essentiels.
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L’élément premier de tout raisonnement sur les armes atomiques c’est le fait qu’aucun spécialiste n’a jusqu’à présent imaginé jusqu’à son terme une guerre où ces armes seraient employées de part et d’autre en nombre important. Après ce qu’on appelle avec euphémisme le premier « échange nucléaire », on se trouve en face d’une montagne d’inconnues redoutables. On voit mal comment on pourrait accepter de s’engager dans ce chaos ! Incontestablement l’arme atomique apparaît être un instrument vraiment disproportionné pour résoudre les problèmes politiques. Disons pour conclure que son emploi semblerait absurde.
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