La RDN présente ci-après le Centre d’essais des Landes (CEL) et se propose de traiter, dans sa prochaine livraison, le Centre spatial de Guyane (CSG).
Ces nouveaux centres, en cours d’installation répondent à une commune nécessité : assurer la relève du complexe de Colomb-Béchar, dont le libre usage nous sera retiré mi-1967 aux termes des accords d’Évian. Pourquoi cette double réalisation, de part et d’autre de l’Atlantique, alors que l’unique champ de tir saharien semblait fort bien convenir jusqu’ici à nos besoins civils et militaires ?
C’est précisément en fonction des besoins actuels et de ce qu’ils seront vraisemblablement dans l’avenir que la décision de construire deux champs de tirs distincts trouve sa justification.
La mise au point et le développement du programme balistique militaire, dans lequel notre pays s’est résolument engagé, exigent des tirs d’essais de plus en plus nombreux et dont les portées doivent s’échelonner progressivement de quelques centaines à quelques milliers de kilomètres. Ceci a conduit les autorités responsables à chercher un emplacement de départ, aussi voisin que possible des centres de montage d’engins et permettant la mise en place de réceptables organisés, fixes ou mobiles, aux portées intermédiaires et terminales, prévues aux programmes. De plus, la zone d’implantation du Centre doit satisfaire aux exigences de sécurité des biens et personnes, dans un rayon assez large autour des pas de tir.
Pour toutes ces raisons, le choix s’est finalement porté sur la côte landaise, à la hauteur de Biscarosse, c’est-à-dire dans une zone peu habitée, située à proximité du complexe Saint-Médard où sont montés les missiles, et où les tirs peuvent être effectués en direction des Açores où nous disposons d’un « réceptacle » fixe.
Parallèlement, mais sur le plan civil cette fois, la France développe une politique spatiale dont les besoins limités hier encore aux tirs de fusées-sondes, viennent de franchir le cap de mise en orbite de satellites légers, pour aboutir bientôt aux lancements de masses plus lourdes sur des orbites pouvant s’échelonner du plan polaire au plan équatorial. Il est bien évident que la région landaise, ni aucune région métropolitaine ne peuvent convenir aux programmes spatiaux soit pour des raisons de sécurité ou des raisons géographiques, soit pour des raisons d’orientation de champ de tir (les lancements vers l’Est sont en effet préférables pour bénéficier de l’aide apportée par le sens de rotation de la Terre).
La prospection des territoires d’Outre-Mer a fait apparaître très rapidement, les qualités exceptionnelles de la côte guyanaise qui, peut-on dire, répond presque idéalement aux dures exigences d’un champ de tir spatial de classe internationale.
Ainsi, la France, contrainte à l’abandon de ses installations sahariennes, a dû s’orienter, par nécessité, vers une spécialisation des sites de rechange en fonction de leur vocation particulière. Ce faisant, elle compense, dans une très large mesure, l’ampleur des investissements nécessaires par l’avantage de disposer de Centres de tir de tout premier ordre, mieux adaptés à leurs missions actuelles et futures, et auquel vient s’ajouter celui du développement économique des régions concernées qui peut signifier, pour la Guyane en particulier, la chance d’une véritable renaissance.