À travers les livres - Chine et Japon
Le Japon et la Chine ont tant de traits communs et tant de traits différents qu’il est bien difficile de déterminer la mesure dans laquelle ils se complètent ou s’opposent.
Un archipel dont le nombre d’îles dépasse le millier sans que la superficie excède quatre cent mille kilomètres carrés, sur lesquels s’entassent cent millions d’habitants, au flanc d’une masse continentale vingt-cinq fois plus étendue, actuellement sept fois, mais bientôt dix ou quinze fois plus peuplée ; une population homogène, instruite, en face d’une juxtaposition de races et de milieux encore différents malgré les efforts d’unification qui doivent la fondre en une nation ; un pays développé, au point que son agriculture est presque devenue une activité annexe, et qui, vivant de son industrie, ne peut subsister qu’en intensifiant son commerce extérieur dans le monde entier, à côté d’un véritable continent qui cherche à se doter de structures économiques équilibrées, mais doit, pour écarter le spectre de la famine, compter avant tout sur lui-même en intensifiant la production de son sol ; un gouvernement démocratique, mais conservateur, pratiquant à l’abri de la protection américaine un neutralisme de fait, devant un gouvernement totalitaire, révolutionnaire, volontiers agressif dans ses actes et davantage encore dans ses paroles.
Entre ces deux pays, des souvenirs d’un récent passé, lourds de combats et de haines, des souvenirs d’un impérialisme et d’un colonialisme avortés pour l’un, écrasés pour l’autre. Mais aussi le sentiment d’une commune appartenance à la même race, des affinités et des contacts de civilisation, de mentalités, peut-être des rêves d’avenir, sinon comparables, du moins convergents ; un voisinage géographique évident, qui semble appeler dans le futur une certaine complémentarité.
Il reste 93 % de l'article à lire