Défense et aménagement du territoire
L’implantation des fortifications est sans doute la forme plus ancienne et la plus généralisée de l’aménagement du territoire en fonction des besoins de la défense. La mise en place de villages de colonisation militaire le long des frontières en fut un complément ; leur emplacement était déterminé par des considérations qui devaient allier les besoins de l’intervention armée et ceux de la culture des terres. Il est très vraisemblable que les premières conceptions d’aménagement ordonné du territoire eurent pour origine les impératifs de la défense. Sans remonter à l’Antiquité, sans évoquer le limes romain ni la muraille de Chine, il suffit de rappeler le soin avec lequel les rois de France s’efforcèrent de porter la frontière du Nord au plus loin de Paris, afin de mieux protéger la capitale, le réseau de places fortes créées par Vauban et ses élèves ainsi que, plus près de nous, les rideaux défensifs de Séré de Rivières et l’ensemble d’ouvrages bétonnés de la ligne Maginot. Les voies de communication devaient desservir opportunément ces vastes systèmes défensifs, en rendre l’abord difficile pour l’ennemi, le ravitaillement et l’utilisation tactique faciles pour le défenseur.
Si les temps et la forme de la guerre ont changé, les impératifs de la défense demeurent. Aménager le territoire, c’est donc bien aussi permettre et faciliter la défense, en même temps qu’assurer à la collectivité nationale des conditions de vie harmonieuses en vue de les développer favorablement (1).
En d’autres termes, si l’aménagement du territoire doit permettre aux hommes de vivre et de vivre mieux, il doit aussi leur assurer de survivre en temps de guerre. Ces deux objectifs ne sont pas différents ; ils ne sont même pas simplement complémentaires ; ils doivent être étroitement confondus, donc poursuivis en même temps, dans le même effort et par les mêmes réalisations.
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