L’arabisme au lendemain du choc
Toute défaite est une remise en question. L’événement impose au vaincu, en face d’un vainqueur ébloui par son butin, des exigences de lucidité. C’est le premier avantage qui échoit à celui qu’a trahi le sort des armes, l’élément initial d’une reconstruction, l’amorce d’une revanche. Et de ce qui paraît le mal, un plus grand bien peut sortir : un passage du Coran, que bien des Arabes auront cité durant ces jours d’épreuves, rappelle aux hommes cette consolante vérité.
Nombreux sont cependant les observateurs qui attendent ici l’arabisme. Réalisme et rigueur entreront-ils enfin dans ses perspectives ? Saura-t-il remettre en cause les illusions qui ont favorisé sa défaite, et réviser les valeurs sur lesquelles il avait fait fond ? Mais s’il se plie à cette sévère autocritique, ne compromettra-t-il pas quelques-uns des mythes, idéologiques ou personnels, qu’il s’est créés, et dont il a tiré une partie de sa vigueur ? En un mot, il se trouve devant des choix redoutables, qu’il faudra opérer avant que ne soit éclaircie une situation encore très complexe et obscure, et qui engageront gravement l’avenir.
De ces choix, qui refléteront sans doute quelques conceptions générales de l’arabisme, mais varieront en bien des cas selon les attitudes politiques et les intérêts propres des divers pays arabes, dépendront en effet les chances qu’au terme de cette crise le monde arabe aura d’acquérir un plus haut degré d’unité, ou, tout au contraire, les risques supplémentaires de balkanisation qu’il va courir.
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