La Grande-Bretagne et le Marché commun
Au mois de mai dernier, la Grande-Bretagne a, pour la seconde fois, posé officiellement sa candidature au Marché Commun. Les représentants des six pays membres se sont alors réunis, mais seulement en juillet, pour examiner la situation. Afin de bien montrer qu’ils se bornaient à la question préalable et n’examinaient pas la requête au fond, ils n’ont invité aucun délégué de la Grande-Bretagne à présenter son dossier. Celui-ci avait d’ailleurs été ouvert quelques jours plus tôt, à La Haye, par M. George Brown, Ministre britannique des Affaires étrangères, devant une assemblée internationale plus vaste, celle de « l’Union de l’Europe occidentale ».
À Bruxelles, aucune conclusion n’a pu se dégager, en raison principalement — a-t-on dit — des réticences de la France, et la discussion a été renvoyée à une session ultérieure du Conseil de la Communauté. D’aucuns se sont montrés surpris de cette attitude des Six devant une démarche qui pouvait sembler flatteuse et qui, a priori, ouvrait à l’Europe de nouvelles perspectives d’expansion. Il a fallu évidemment des motifs graves pour obliger les pays du Marché Commun à s’accorder un temps de réflexion prolongé, et ces motifs tiennent au malentendu qui s’installe le plus souvent lorsqu’on évoque les liens qui les unissent.
C’est le 25 mars 1957 qu’a été signé le Traité de Rome entre l’Allemagne Fédérale, la France, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. L’objectif immédiatement apparent était l’institution d’un ensemble économique où pourraient circuler librement les marchandises, les services, les capitaux et les personnes. Mais en réalité, et selon les termes mêmes du Traité, cette Communauté allait plus loin que la création d’une simple union douanière de 180 millions d’habitants ; elle tendait également vers l’unification des politiques économiques des pays participants et l’harmonisation de leurs législations dans de nombreux domaines. Dans son esprit, elle visait une intégration toujours plus complète des pays membres : une communauté économique en marche vers une communauté politique (1).
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