L’arabisme cherche sa voie
Au début de cet été, nous avons essayé de discerner les choix qui s’offraient aux États arabes, éprouvés par une lourde défaite (1). Nous estimions alors que, pour eux, toute continuation de la lutte, fût-ce par le moyen de la guérilla, était pour le moment illusoire, et qu’aucune reprise ultérieure du combat n’offrait de perspectives dans un délai prévisible, tandis qu’il était possible à l’arabisme révolutionnaire de s’assurer de grands avantages par une diversion en Arabie du Sud. Ces anticipations, que les faits n’ont pas démenties, impliquaient que l’arabisme, sans nullement consentir à une capitulation, en vînt à envisager quelque solution politique, nécessitant une certaine modération, la réalisation d’une entente interarabe au moins partielle, la renonciation à des « armes économiques » d’emploi difficile, la préférence donnée à des tâches internes de développement. De telles idées se sont effectivement fait jour dans le monde arabe : sans doute n’ont-elles pas prévalu dans toutes les capitales arabes, et n’ont-elles été, nulle part encore, poussées jusqu’à la totalité de leurs conséquences logiques : mais à certains égards nos prévisions dans ce sens ont été dépassées par les événements, puisque le Raïs a adopté une attitude de modération que nous estimions utile et possible mais non pas certaine, et puisque malgré les événements d’Aden un accord a pu intervenir entre Arabie Séoudite et République Arabe Unie.
Au moment de tenter une nouvelle mise au point, non moins provisoire que la précédente, et comportant elle aussi une bonne part d’hypothèses, nous croyons donc pouvoir constater que durant ces dernières semaines l’évolution de l’arabisme a justifié, plutôt que les sombres pronostics de ses censeurs, les vues plus optimistes des observateurs disposés à lui faire un certain crédit.
Néanmoins, l’avenir reste préoccupant pour les pays arabes : si plusieurs de ceux-ci croient entrevoir les moyens du salut, ils ne peuvent se dissimuler qu’il leur faudra consentir de lourds sacrifices, et ils sont loin d’avoir fait autour d’eux une unanimité pourtant nécessaire à leur force. Malgré les progrès déjà réalisés, l’arabisme est encore à la recherche de sa voie, et dans cette difficile entreprise il continue d’avoir besoin d’autant de lucidité que d’énergie.
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