Défense « dirigée » ou Défense « tous azimuts »
Depuis longtemps nous avons, en France, pris l’habitude d’avoir un ennemi éventuel préférentiel et même parfois tellement préférentiel qu’il en devenait, en fait, unique. Après avoir été longtemps l’Angleterre, cet ennemi fut plus récemment le Reich.
Ainsi, en 1912 et 1913, lorsque le Général Joffre était Chef d’État-major Général et Commandant en Chef désigné de nos Armées, il n’existait qu’un ennemi fondamental contre lequel il eut à se préparer : l’Allemand. Phénomène accessoire, celui-ci pourrait bien être aidé par l’Autriche-Hongrie, mais en fait c’était bien contre l’Allemagne que Joffre savait qu’il aurait à conduire les opérations de nos Armées. Ainsi, également dans les années trente, en était-il encore de même pour le malheureux Général Gamelin qui savait bien qu’il n’aurait à se battre contre personne, sinon les armées hitlériennes. Dans ces conditions, c’était, avec le temps, devenu pour nous une sorte de besoin que d’avoir un ennemi éventuel unique, bien défini, contre lequel et en fonction duquel il y avait lieu de préparer nos plans et nos forces.
Après la seconde guerre mondiale, notre adversaire fondamental précédent, l’Allemagne, avait disparu. Ce pays, écrasé et occupé, en aurait pour longtemps à réparer les immenses ruines qu’il avait attirées sur lui-même en même temps que sur les autres. Ce n’était plus, pour le moment du moins, l’adversaire dangereux qu’il avait été. Or précisément, à cette époque, une autre menace, également périlleuse, semblait être apparue à l’horizon, à l’Est de l’Europe, avec l’impérialisme stalinien qui, ayant déjà assimilé une moitié du continent, paraissait prêt à en conquérir le reste et en avait — sur le plan des seuls armements classiques — incontestablement les moyens.
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