De l’ère britannique à l’ère nationaliste en Arabie du Sud
LA crise aiguë dont, voici quelques mois (1), nous avons étudié le déroulement en Arabie du Sud, s’est dénouée plus vite qu’on ne le prévoyait généralement, et dans des conditions très différentes de celles que Londres avait souhaitées et préparées.
Le gouvernement fédéral de l’Arabie du Sud, dominé par les sultans des États protégés, s’est émietté sous les coups des activistes nationalistes ; ainsi s’est écroulée la subtile combinaison britannique, qui consistait à équilibrer dans la Fédération les éléments évolués d’Aden par les forces traditionalistes des tribus, et dissipé l’espoir de pouvoir laisser en place, en décolonisant et en évacuant, un État stable, modéré et prospère, éventuellement même allié. Décidée dès 1963 à accorder à court terme l’indépendance à l’Arabie du Sud, résignée depuis 1966 à renoncer à la base d’Aden, trop coûteuse, et à la remplacer par une installation plus légère dans le golfe Persique, résolue enfin voici quelques mois à fixer au 9 janvier 1968 la date du départ de ses troupes et de son administration, la Grande-Bretagne vient d’accélérer encore le rythme de l’évacuation, et borne ses ambitions à se retirer sans encombre et, si possible, sans laisser derrière elle un complet chaos.
Cette liquidation de la colonie d’Aden et des protectorats annexes risque d’être, dans les annales de la décolonisation britannique, la seule, avec celle de la Palestine en 1948, à se dérouler dans des conditions dramatiques. C’est la République Arabe Unie qui, au nom de l’Arabisme révolutionnaire, aura ainsi mis en échec, non seulement l’impérialisme britannique de type classique, mais même sa subtile reconversion politique. Depuis quatre ans, un terrorisme systématique alimenté par Le Caire assaille et décourage les modérés qui entendaient coopérer avec la Grande-Bretagne à l’édification d’un État viable et économiquement équilibré.
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