À propos de 4 ouvrages : un essai d’anthropologie philosophique de C.I. Gouliane, Le marxisme devant l’homme (Éditions Payot, 1968 ; 222 pages) ; un récit de guerre en même temps qu’une histoire d’une partie du dernier conflit mondial sur le front oriental de l’écrivain allemand Paul Carell, Opération Terre brûlée » (Éditions Robert Laffont, 1968 ; 576 pages) ; une étude historique de Borys Lewytsky, L’inquisition rouge (Éditions Robert Laffont, 1968 ; 360 pages) ; et un recueil de textes de Trotsky, réunis par un universitaire français, Jean Baechler, qui l’a fait précéder d’une substantielle étude sur la pensée et l’action du célèbre révolutionnaire (Politique de Trotsky, Éditions Armand Colin, 1968 ; 399 pages).
À travers les livres - Quatre aspects du communisme
Le hasard des services de presse nous a fait lire l’un après l’autre quatre livres dont il est difficile de chercher à définir le véritable dénominateur commun, tant ils sont différents dans leurs buts, leurs préoccupations et l’esprit qui les a inspirés. Le premier est un essai d’anthropologie philosophique écrit par un auteur bulgare, C.I. Gouliane ; il a pour titre : « Le marxisme devant l’homme » (1). Le deuxième, un récit de guerre en même temps qu’une histoire d’une partie du dernier conflit mondial sur le front oriental ; dû à l’écrivain allemand Paul Carell, il continue, sans encore l’achever, l’œuvre entreprise au cours d’un livre précédent qui connut une certaine notoriété : « Opération Barbarossa » ; son titre est symétrique : « Opération Terre brûlée » (2). Le troisième est une étude historique écrite par Borys Lewytsky sur « L’inquisition rouge » (3) ; il expose les avatars de la célèbre police soviétique, depuis la Révolution d’Octobre jusqu’à nos jours. Le quatrième enfin est un recueil de textes de Trotsky, réunis par un universitaire français, Jean Baechler, qui l’a fait précéder d’une substantielle étude sur la pensée et l’action du célèbre révolutionnaire (4).
Ces quatre ouvrages montrent quatre aspects différents du communisme, qu’il serait certainement artificiel de vouloir relier trop étroitement. Ils rendent compte cependant d’une même réalité qui est une des données fondamentales du monde d’aujourd’hui, comme des photographies prises d’une même personne à des âges différents et sous des angles divers en pourraient évoquer les principaux caractères. Borys Lewytsky montre la nécessaire et inéluctable emprise policière dans un régime qui se fonde sur la primauté de l’État et de l’intérêt collectif, et veut prouver qu’elle devient abus et violence lorsqu’elle se met au service d’un homme ou d’une idéologie exclusive. Paul Carell décrit avec force et réalisme la vigueur du communisme en armes, lorsque l’épaule le sentiment national. C.I. Gouliane s’efforce de définir l’humanisme communiste et d’expliquer à quel point il a donné aux questions que se pose l’homme depuis son apparition sur la Terre, une réponse synthétique enfin satisfaisante, et Jean Baechler, se servant d’un cas particulier qui est une haute référence, s’attache à démontrer le mécanisme de la pensée d’un homme profondément convaincu de la nécessité de la révolution, mais en butte aux circonstances du moment et aux déviations de ce qu’il croit être la vérité.
Il ne s’agit point ici de juger ; il convient seulement de rendre compte de lectures dont chacun pourra, suivant son désir et ses goûts, inventorier davantage la richesse et la profondeur, dans le seul but — qui ne manque pas d’ambition — de mieux comprendre notre temps. Aussi nous bornerons-nous à présenter successivement ces quatre ouvrages en nous limitant à de sobres commentaires.
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