Militaire - République fédérale d'Allemagne : effort de défense - Grande-Bretagne : désengagement à l'Est de Suez - Pakistan : incertitudes d'avenir - Chine : bilan économique, questions extérieures - Vietnam : évolution du conflit - Pays-Bas : production d'uranium enrichi - États-Unis : l'artillerie américain se scinde en deux armes distinctes
République fédérale d’Allemagne (RFA) : effort de défense
Dans un long discours prononcé le 29 novembre 1968 devant le Bundestag, M. Schröder, ministre fédéral de la Défense, a annoncé la décision de son gouvernement d’augmenter les crédits militaires de 2,5 milliards de deutsche mark dans le cadre du plan financier à moyen terme 1969-1972.
Après avoir mis l’accent sur la permanence de la menace soviétique et la nécessité d’accroître l’efficacité de l’Otan, le ministre a rappelé les mesures prises par son département afin de renforcer le potentiel de la Bundeswehr à savoir, pour l’Armée de terre : maintien de 9 bataillons d’intervention, et appel, en 1969, de 9 000 réservistes supplémentaires pour des périodes de quatre semaines. Achat prévu de 135 hélicoptères moyens de transport pour augmenter l’aéromobilité des unités.
Afin de satisfaire aux recommandations de l’Otan, un effort supplémentaire a été décidé, qui portera à la fois sur le renforcement de la capacité opérationnelle des unités et l’amélioration de la situation des cadres de la Bundeswehr.
Sur le plan des matériels, trois directions d’efforts ont été mentionnées :
– Le renforcement de la puissance de feu des unités, notamment par la mise sur pied d’une troisième batterie de tir dans les bataillons d’artillerie de brigade ;
– L’amélioration de l’armement antiaérien par la commande de canons bi-tubes de 20 mm destinés à la protection des bases aériennes et par une dotation supplémentaire pour la défense des bases de la Marine.
Sur le plan des personnels, la disponibilité des grandes unités sera accrue par la réorganisation des structures des forces armées. D’importants effectifs seront notamment récupérés sur les services.
Le déficit du nombre des engagés à terme et des sous-officiers devrait être résorbé grâce à l’augmentation des primes d’engagement et à plusieurs projets de loi qui seront soumis au Parlement fédéral :
– loi sur le nouveau régime des soldes, tendant à l’amélioration de la situation matérielle des sous-officiers ;
– loi portant création d’une carrière technique militaire pour les sous-officiers particulièrement qualifiés ;
– loi, dite de reclassement, prévoyant le transfert dans les services publics des militaires ayant au moins 12 ans de services.
Bien que certains députés aient relevé le caractère fragmentaire de ces dispositions dont les effets ne se feront d’ailleurs sentir que dans trois ou quatre ans, le Bundestag a, dans son ensemble, réservé un accueil favorable aux déclarations de M. Schröder.
Grande-Bretagne : désengagement à l’Est de Suez
Le désengagement à l’Est de Suez se précise. Le plan de rapatriement prévoit que les forces terrestres britanniques quitteront le Sud-Est asiatique au cours de la prochaine année budgétaire (avril 1969-avril 1970). Celles du golfe Persique pourraient n’être repliées qu’au cours de l’année suivante.
À Singapour, une partie de la base de Sembawang a été remise au gouvernement local le 8 décembre, en échange de facilités importantes pour la Royal Navy qui gardera l’autre partie de la base jusqu’en 1972. La Royal Air Force (RAF) évacuera le terrain de Seletar et se repliera sur celui de Tengah. La Brigade de Gurkhas sera dissoute et remplacée par des forces dépendant du gouvernement local et comprenant deux brigades d’infanterie, un régiment blindé et 4 bataillons auxiliaires.
En Malaisie, l’évacuation des troupes britanniques débutera en avril 1969 par le départ d’un bataillon d’infanterie. Le régiment d’artillerie et les services suivront en 1970. Les unités australiennes et néo-zélandaises, redéployées et soutenues par leurs propres logistiques nationales, resteront cependant en Malaisie jusqu’en 1971.
À Hong Kong, les Britanniques conserveront l’importante garnison qui s’y trouve et la renforceront même par un bataillon de gurkhas, un escadron de la RAF et des unités des services.
Pakistan : incertitudes d’avenir
De sérieux troubles internes viennent de poser à nouveau la question de l’avenir du régime et de la succession du Maréchal Ayub Khan.
À l’occasion d’une visite, effectuée le 7 novembre à Rawalpindi, par M. Zulfikar Ali Bhutto, chef de l’opposition et ancien ministre des Affaires étrangères (1), de violentes émeutes ont opposé quelque 2 000 étudiants aux forces de police, qui ont ouvert le feu (bilan : 3 étudiants tués, 4 policiers blessés). Cet incident, qui allait être à l’origine d’une grave crise politique dans l’ensemble du pays, est attribué à des causes fortuites ; les étudiants de Rawalpindi sont en effet issus de milieux conservateurs (fonctionnaires, militaires). Le cycle « protestation-répression » ainsi déclenché se développa rapidement : fermeture des universités de la capitale, agitation à Karachi (60 étudiants arrêtés), à Hyderabad (4 leaders condamnés) et à Lahore (à l’occasion d’un autre déplacement de M. Bhutto).
Après de nouveaux heurts à Rawalpindi (2 morts), le mouvement prend la forme d’une contestation politique et le 10 novembre, à Peshawar, deux coups de feu sont tirés, sans l’atteindre, contre le Président Ayub Khan, tandis qu’à Nowshera, une grave manifestation nécessite l’intervention de l’Armée… Tous les établissements scolaires du pays sont alors fermés et l’état d’urgence est proclamé, pour un mois, dans la plupart des grandes villes… M. Musa, gouverneur du Pakistan occidental, met en cause un appui, provenant de l’étranger, en vue de renverser le régime et, le 13, quinze personnalités de l’opposition sont arrêtées en vertu de la « loi sur la sécurité de l’État ». Parmi celles-ci :
– M. Bhutto, fondateur, en novembre 1967, du « Parti du Peuple » et principal candidat « de gauche » aux prochaines élections présidentielles de 1970 qui s’est acquis dans l’ensemble du pays un crédit considérable et s’est efforcé de regrouper les partis de l’opposition autour de lui ;
– et M. Wali Khan, président du Parti National Awami et parent de Vabdul Grafar Khan, leader, en exil à Kaboul, de l’indépendance du pays pathan.
Ces mesures (suivies de dix autres incarcérations) ramenèrent un calme relatif mais, le 18, le Maréchal de l’Air Asghar Khan, ancien Commandant en chef des Forces aériennes, entrait lui-même en dissidence, critiquant l’actuel régime « d’oppression, de corruption et de népotisme » et réclamant la libération des détenus politiques, la restauration des droits civils et la levée de l’état d’urgence. Or, ces déclarations, qui créent un sérieux trouble dans l’opinion, ne peuvent être interdites par une arrestation d’Asghar Khan, sans le risque d’un grave malaise au sein de l’Armée, compte tenu de la création récente, par de jeunes officiers, de multiples groupements politiques clandestins.
Le gouvernement, dans un but d’apaisement, a tenté, à partir du 27, la réouverture des universités, mais celle-ci a entraîné de nouveaux incidents à Nowshera (1 mort), à Peshawar (12 blessés) et à Rawalpindi (grève générale), et a dû être ajournée jusqu’à la fin du Ramadan (22 décembre). Le Président Ayub Khan s’est alors efforcé, dans son discours mensuel le 1er décembre, de ramener le calme. Soulignant le caractère mondial des mouvements universitaires, il a accordé aux étudiants d’importantes concessions (facilités d’entrée dans les classes supérieures, avantages matériels). D’autre part, sur le plan politique, il a promis aux partis d’opposition que, sous réserve de respecter l’unité intérieure et d’exclure tout recours à la violence, ils disposeraient, dans le cadre de la Constitution, de leur entière liberté d’opinion et de tous moyens légaux pour s’exprimer auprès du peuple lors des prochaines élections présidentielles.
Après ces événements, et même si le Maréchal Ayub Khan parvient, par son prestige et son autorité, à rétablir la situation dans les semaines qui viennent, il est permis de se demander, à moyen terme, quel sera l’avenir politique du Pakistan… En effet, l’état de santé du Président ne laisse pas présager, malgré les soins qu’il a reçus en Grande-Bretagne, la possibilité d’un nouveau mandat. Or, il apparaît bien, désormais, que la crise actuelle dépasse le cadre universitaire et tend à remettre en cause le régime lui-même.
Dans ce pays déjà menacé, quant à sa cohésion interne, par sa séparation géographique en deux entités disparates, et où l’opinion s’inquiète vivement de la puissance militaire croissante de l’Inde, une grande incertitude pèse donc sur la prochaine campagne présidentielle de 1969.
Chine : bilan économique, questions extérieures
Une première estimation des effets néfastes de la Révolution culturelle sur l’industrie est fournie par la comparaison des productions durant le premier semestre des années 1967 et 1968. La diminution est nette dans tous les domaines sauf pour la production des engrais chimiques qui aurait augmenté de 12,5 %. Les houillères auraient été les plus touchées (baisse de 37 %), ainsi que les usines de coton (20 %) et les cimenteries (15 %). D’autres secteurs le sont moins : le pétrole (baisse de 9 %), l’électricité (8 %), le fer et la fonte (7 %), les produits alimentaires (3,5 %) et les machines (1,4 %).
Avec les Nations unies
L’assemblée générale des Nations unies a rejeté, par 58 voix contre 44 et 23 abstentions, le « rétablissement dans ses droits légitimes de la Chine populaire à I’ONU et l’expulsion immédiate de la délégation de Formose ». Le nombre des « pour » diminue chaque année d’une voix depuis 1965.
Avec les pays socialistes
Un cargo soviétique a été intercepté près de Hong Kong par deux vedettes chinoises. Après avoir fait stopper le navire, les marins chinois ont inspecté son chargement puis l’ont autorisé à reprendre sa route.
Les rumeurs d’incidents à la frontière sino-mongole se multiplient sans revêtir des formes précises. Cependant on continue à observer l’arrivée de renforts soviétiques en hommes et en matériel en Mongolie extérieure.
Une délégation chinoise (du Parti, du Gouvernement et de l’Armée) s’est rendue à Tirana. Elle était conduite par Huang Yung-Cheng, Chef d’état-major général. Au cours d’une escale technique, le 27 novembre, à Bucarest, alors que se tenaient dans la capitale roumaine des entretiens militaires entre les pays membres du Pacte de Varsovie, la délégation chinoise a été accueillie par le vice-ministre de la Défense, Chef de l’état-major roumain. Au cours de son séjour en Albanie la délégation a visité la base navale de Vlora sur l’Adriatique ainsi qu’une usine construite avec l’aide technique de la Chine.
Avec les pays occidentaux
Le fait le plus marquant est l’annonce, pour le 20 février 1969, de la reprise des réunions sino-américaines au niveau des ambassadeurs à Varsovie et la mention faite à ce propos par les Chinois des « cinq principes de la coexistence pacifique ». La Chine semble effectivement soucieuse de renouer des contacts avec les États-Unis, ne serait-ce que pour ne pas être écartée lors du règlement éventuel du conflit vietnamien.
La Grande-Bretagne, pour sa part, semble vouloir ménager la Chine, afin de rétablir une atmosphère normale dans les relations entre les deux pays. Mais la libération par les autorités de Hong Kong d’un journaliste chinois, Hsueh Ping, détenu depuis les troubles de 1967 n’a pas provoqué celle d’Anthony Grey, correspondant de l’Agence Reuter, détenu à Pékin depuis seize mois. Chou En-Lai a même refusé un télégramme de la Fédération Internationale des Journalistes lui demandant de le libérer.
Une mission commerciale de la British European Airways doit néanmoins prendre contact avec les autorités chinoises pour leur proposer 10 Cornet et 13 Viscount. La Chine possède déjà 6 Viscount et son parc aérien commence à être vétusté.
Avec le Tiers-Monde
Une délégation militaire pakistanaise, conduite par le général Yahya Khan, est arrivée le 8 novembre à Pékin. Son chef a été reçu le 10 par Mao Tse-Tung. Le général Huang Yung-Sheng a profité de cette visite pour dénoncer « l’agressivité » de l’Inde qu’entretiennent, selon lui, les fournitures militaires qu’elle reçoit des Américains et des Soviétiques, et réaffirmer le soutien de la Chine au Pakistan.
En même temps, le gouvernement chinois a protesté auprès du gouvernement indien contre l’accueil que celui-ci avait réservé, le mois dernier, à une délégation formosane venue assister aux célébrations du centenaire de Gandhi. Encore une fois, Soviétiques et Américains ont été rendus responsables de cette « provocation » indienne.
En Tanzanie, 170 techniciens chinois devant travailler à la voie ferrée Tanzanie-Zambie ont débarqué à Dar es Salam le 29 octobre, portant le nombre des spécialistes affectés à ce projet à 620. Cinq camps de travailleurs, pouvant héberger chacun de 150 à 200 hommes, sont déjà installés en Tanzanie. Il doit y en avoir trois autres en Zambie, l’un d’eux vient d’être ouvert et abrite déjà une centaine de Chinois.
Vietnam : évolution du conflit
Au Sud-Vietnam, sans que les combats aient pour autant cessé, la lutte entre le gouvernement de Saïgon et le FNL (Front national de libération du Sud Vietnam) tend progressivement à passer du plan strictement militaire au plan politique.
Depuis juin, le Vietcong installe un peu partout une administration révolutionnaire susceptible de remplacer, le moment venu, celle qui est actuellement en place. Selon les Américains eux-mêmes, des comités de libération existeraient dans 17 provinces (sur 44), 40 districts, 5 villes, 1 250 hameaux (sur 12 500 environ). Dans la capitale, deux arrondissements sur neuf en seraient dotés.
Le 30 novembre, le FNL lançait un nouvel appel pour intensifier cette lutte aussi bien dans les domaines politique que militaire.
Pour contrecarrer ces activités, les dirigeants de Saïgon ont lancé dans tout le pays une campagne d’explication et de préparation aux problèmes de la paix et diverses opérations, dont l’efficacité paraît douteuse à beaucoup d’observateurs, qui estiment que seule la moitié de la population, celle des villes, soutient le gouvernement de Saïgon.
Mais qu’elle soit favorable à l’un ou l’autre camp, ou opposée à tous les deux, cette population, à l’exception de la fraction qui profite de la guerre, aspire avant tout à la paix. C’est cette aspiration que le bonze Thich-Tri-Quang a voulu exprimer en réclamant un cessez-le-feu immédiat.
En effet les combats continuent pratiquement sur le même rythme qu’en octobre au Sud du 17e parallèle. La concentration d’unités du FNL dans les provinces de Tay-Ninh, Binh-Long et Binh-Duong a d’ailleurs motivé le transfert de la 1re Division de cavalerie (aéromobile) dans cette région.
En zone démilitarisée, 29 incidents ont été enregistrés entre le 1er novembre et le 2 décembre, tandis qu’au Nord-Vietnam même, les vols de reconnaissance se poursuivent.
Mais si ces incidents, de même que les bombardements d’agglomérations par le Vietcong font l’objet de mises en garde ou de protestations, ils n’ont jamais remis en cause la poursuite des pourparlers.
Au Nord-Vietnam, après quatre années de lutte à outrance, le pays doit faire face à de sérieuses difficultés sur le plan administratif et économique. Cette situation qui n’est sans doute pas étrangère au désir des dirigeants de Hanoï de hâter la fin du conflit, est sans doute à l’origine de la mission imprévue qu’a menée à Moscou M. Le Than-Nghi. Un accord d’aide économique et militaire y a été très rapidement signé. Les détails qui en ont été donnés montrent le caractère essentiellement économique de cette aide.
Pays-Bas : production d’uranium enrichi
Un accord de principe a été conclu le 25 novembre à La Haye, entre MM. Stoltenberg, ministre allemand de la recherche scientifique, Wedgwood Benn, ministre britannique de la technologie et de Block, ministre néerlandais de l’économie, en vue de réaliser une coopération dans le domaine de la production d’uranium enrichi, selon la méthode de séparation isotopique par ultracentrifugation, mise au point par le professeur hollandais Jacob Kistemaker.
La signature de cet accord, le premier auquel participent des pays membres de l’Euratom (Europe atomique), en dehors du cadre de cet organisme, aurait été rendue possible par l’arrivée à expiration d’un traité sur la non-diffusion des secrets concernant l’ultracentrifugation, conclu en 1962 entre les États-Unis et les pays intéressés.
La production d’uranium enrichi selon ce procédé correspond vraisemblablement à une percée technologique importante, car les avantages obtenus par rapport à la méthode classique de diffusion gazeuse sont considérables : installations de dimensions relativement réduites, consommation modérée d’énergie électrique, coût de l’uranium produit relativement plus faible. L’utilisation de cette technique pourrait permettre à des pays comme Israël, l’Inde ou la Suisse de produire de l’uranium enrichi au cours de la prochaine décennie.
Cet accord ne laisse pas d’inquiéter les Américains, car il risque de porter atteinte au quasi-monopole dont ils jouissent en matière de fourniture d’uranium enrichi. Les États-Unis sont de plus préoccupés par le développement de nouvelles techniques de production par des pays « non responsables » dans le domaine nucléaire.
États-Unis : l’Artillerie américaine se scinde en deux armes distinctes
En dépit de la réduction prévue du nombre des armes dans l’Armée américaine, l’Artillerie antiaérienne s’est séparée de l’Artillerie de campagne le 1er juillet 1968.
Depuis 1950, date à laquelle l’Artillerie de campagne (Field Artillery) et l’Artillerie de côte (Coast Artillery) étaient réunies sous un commandement unique, l’Artillerie antiaérienne n’était qu’une subdivision de l’Artillerie. En fait, elle jouissait d’une certaine autonomie notamment dans le domaine de la formation de ses personnels. En effet, le Centre de formation des personnels de l’Artillerie sol-sol est implanté à Fort Sill (Oklahoma), tandis que les spécialités intéressant l’Artillerie sol-air sont enseignées à l’Air Défense Artillery School de Fort Bliss (Texas), et il n’existait pas, pour les officiers, de formation initiale commune. La polyvalence n’intervenait en théorie qu’à partir du stage des capitaines (Officiers Advanced Course) qui comprenait sept mois d’instruction concernant soit l’Artillerie sol-sol, soit l’Artillerie sol-air, et deux mois d’instruction dans l’autre subdivision d’arme. Or ce stage comprendra désormais l’étude d’une seule spécialité en neuf mois. En fait, bien rares étaient les officiers qui changeaient de spécialité en cours de carrière. 8 500 officiers environ ont reçu une formation sur les matériels et les techniques de l’Artillerie sol-air, soit environ le tiers des officiers d’Artillerie. Il n’y avait déjà aucune polyvalence en ce qui concerne les personnels non-officiers, dont la carrière est déterminée non par l’appartenance à une Arme, mais par l’acquisition d’un brevet de spécialité. Ces mesures ont été décidées en raison du regain d’intérêt accordé depuis deux ans à la protection antiaérienne de l’avant qui s’est traduit par une modernisation des matériels et une augmentation du nombre des unités d’Artillerie antiaérienne ; d’où est résulté un besoin accru en personnels qualifiés.
Depuis, en 1967, les États-Unis ont décidé de se doter d’un système de protection antimissiles (système Sentinel) dont l’Artillerie sol-air a été chargée de la mise en place et de la mise en œuvre, en collaboration avec le Génie. En dépit de difficultés et de problèmes non résolus, les Artilleurs sol-sol et sol-air américains sont maintenant définitivement séparés. Toutefois, compte tenu de l’importance du système ABM-Sentinel dans l’organisation générale de la Défense américaine, il est à craindre que l’Armée de l’air, dont les prétentions au contrôle exclusif de l’espace aérien ont été exprimées à plusieurs reprises, ne prenne à son compte les missions de l’Artillerie sol-air et les matériels correspondants, détachés d’une Arme traditionnellement terrestre qui justifiait et défendait ses prérogatives. ♦
(1) Avocat très brillant formé aux États-Unis et eu Grande-Bretagne, il a quitté le gouvernement en 1966 en raison de sa politique trop anti-indienne.