Outre-mer - Au Nigeria, le développement des ressources hydroélectriques se poursuit : la centrale de Kainji vient d'être inaugurée - En Côte d'Ivoire, le futur barrage de Kossou créera un nouveau pôle important d'expansion - Au Ghana, la cale sèche du port de Tema a été mise en service - En Somalie, le nouveau port de Berbera est achevé
Au Nigeria, le développement des ressources hydroélectriques se poursuit : la centrale de Kainji vient d’être inaugurée
Malgré les difficultés économiques que connaît le Nigeria à la suite de la guerre du Biafra, le développement des ressources hydroélectriques du pays se poursuit. C’est ainsi que Lagos vient de bénéficier comme cadeau de nouvel an, d’un apport supplémentaire d’énergie électrique fournie par le barrage de Kainji dont la première phase des travaux de construction est sur le point de se terminer.
La construction du barrage, situé sur le Niger, à environ 100 km au Nord de Djebba, a commencé en 1964, dans le cadre du programme de mise en valeur des Nations unies, alors que la Bird (Banque internationale pour la reconstruction et le développement) acceptait d’en assurer le financement. C’est à ce titre que la Grande-Bretagne, les États-Unis, les Pays-Bas, le Canada et l’Italie se sont intéressés à un projet conçu pour fournir d’importantes quantités d’énergie à bon marché dans l’Ouest et le Sud-Ouest de la Fédération et stimuler l’irrigation et le développement agricole de la région.
Le barrage de 7 km de long sur 800 m de large et 70 m de haut sur fondation, a été équipé au premier stade de sa réalisation avec quatre générateurs de 80 000 kW, dont les deux premiers viennent d’être mis en service. Lorsqu’il sera entièrement achevé, le barrage pourra produire une puissance de près de 900 000 kW, qui devrait couvrir, estime-t-on, les besoins du Nigeria dans une dizaine d’années.
Le bassin de retenue, qui constitue le lac artificiel de Kainji, représente une surface d’environ 1 300 km2, s’étalant sur plus de 180 km. Sa mise en eau, en août 1968, a entraîné la réinstallation de quelque 40 000 personnes chassées de leurs terres par la montée des eaux. De nombreux villages ont dû être ainsi transplantés au même titre que le centre de Busa qui a été reconstruit.
Par ailleurs, un canal creusé sur la rive gauche du fleuve, et fermé par deux écluses, doit permettre à des péniches jaugeant jusqu’à 500 tonnes de contourner le barrage, la navigation étant possible pratiquement toute l’année. Il a été prévu, d’autre part, que le courant électrique serait distribué, outre Lagos, à Djebba, Oshogho, Bénin City et il avait été envisagé dans les projets primitifs de servir également Onitsha.
Deux autres projets de construction d’importants barrages sont encore à l’étude. Il s’agit de celui de Shiroro sur la Kaduna, à peu près à mi-distance de Kano et de Djebba, et de celui de Djebba sur le Niger.
Ces deux barrages devraient, dans un avenir naturellement encore lointain, fournir une puissance d’environ 500 000 kW.
En attendant, le barrage de Kainji qui vient d’être inauguré, rend possible dès maintenant l’irrigation d’importantes surfaces de terres, permet l’installation de nouvelles pêcheries fluviales et doit contribuer par un apport important d’énergie au développement industriel des États du Sud-Ouest de la Fédération.
En Côte d’ivoire, le futur barrage de Kossou créera un nouveau pôle important d’expansion
Le gouvernement ivoirien a retenu, parmi les projets susceptibles d’accélérer le développement économique de la Côte d’Ivoire, la construction du barrage de Kossou, dans le centre du pays, sur la rivière Bandama-Blanc, à environ 20 km en avant du confluent de la Marahove.
Ce projet qui a fait l’objet de nombreuses études menées conjointement par la société américaine Kaiser Enginers et le Cabinet Bezard vise en effet à satisfaire les besoins en énergie électrique des régions de Bouaké et d’Abidjan, l’expansion des cultures irriguées et la diversification économique de ces zones tant sur le plan agricole que sur le plan industriel.
Le projet qui a fini par être retenu porte sur la construction en cinq ans d’un ensemble hydroélectrique qui sera réalisé à Kossou à partir :
– d’un barrage sur la Bandama-Blanc, en amont de Kossou, d’une longueur d’environ 1 500 m et d’une hauteur de 54 m. Il en résultera la création d’un lac artificiel de 140 km de long, nécessitant la transplantation de près de 57 000 personnes ;
– d’une usine hydroélectrique, équipée de deux, puis de trois alternateurs d’une puissance de 60 000 kW chacun et pouvant produire annuellement 535 millions de kWh, besoins estimés de la Côte d’Ivoire dès 1970, alors que par exemple en 1967 la production globale d’électricité du pays n’atteignait guère que 275 millions de kWh ;
– d’un réseau de transport d’énergie par lignes à haute tension notamment sur Bouaké et Abidjan.
Les investissements nécessaires pour la construction du barrage s’élèvent à 105 M de dollars. Le financement en a été assuré conjointement par un prêt américain de l’Export-Import Bank, un prêt italien et une participation ivoirienne, indépendante d’ailleurs de la contribution de l’État indispensable à la couverture des frais de réinstallation des populations déplacées.
La superficie des terres immergées sera de l’ordre de 1 500 km2 et la mise en eau du barrage entraînera le déplacement de plus de 150 villages de paysans qui devront s’initier, lors de leur réimplantation, à de nouvelles méthodes de culture. Ils y gagneront certainement avantage, comme ils pourront tirer profit sur place du développement prévisible de la pêche ou du tourisme.
De nombreuses cultures sont susceptibles de bénéficier de la mise en pratique de techniques améliorées de production ou de l’irrigation : légumes frais, canne à sucre, paddy, bananes, palmiers à huile, ananas, etc., et leur développement pourra entraîner la naissance de nouvelles industries agricoles comme des sucreries, rizeries, usines de traitement de l’ananas, de la tomate, de l’huile de palme ou même d’usine de pâte à papier…
Il est certain que le futur barrage de Kossou se présente comme devant être un nouveau pôle important de développement pour la Côte d’Ivoire. Mais de nombreux problèmes sont encore à résoudre. L’un des plus délicats semble devoir être celui que posent le déplacement et la réadaptation des populations qui devront quitter leurs terres lorsque le barrage sera mis en eau.
Quoi qu’il en soit, la réalisation de ce projet dont le coût global est évalué à 23 M de francs CFA ne peut que renforcer et même accélérer le développement déjà spectaculaire de l’économie ivoirienne.
Au Ghana, la cale sèche du port de Tema a été mise en service
La plus importante des cales sèches de la Côte d’Afrique occidentale vient d’être mise en service dans le port de Tema, près d’Accra, au Ghana.
L’ensemble des installations modernes réalisées par le personnel de Parkinson Howard comprend, outre la cale sèche proprement dite, un quai attenant et divers équipements, appareils de commande, de levage, de pompage, générateurs d’énergie électrique et postes d’approvisionnement en eau, en oxygène, etc.
Longue de 300 m, large de 45 et profonde de 8 m, cette cale sèche permettra des travaux de réparations intéressant les œuvres vives des navires, hélices ou coques, alors que les œuvres mortes – superstructures et intérieurs – pourront être remises en état dans les installations à terre. Plusieurs ateliers ont été construits à cet effet : ateliers de mécanique, de menuiserie, forges, ateliers d’électricité, presses et laminoirs… De grands hangars d’assemblage équipés de ponts roulants, de groupes électrogènes de secours, de générateurs d’air comprimé complètent cet équipement. Les autorités locales estiment que l’ensemble emploiera 4 000 ouvriers africains tous plus ou moins spécialisés.
Le premier bateau à être réparé dans cette cale est un navire de 225 m de long appartenant à une compagnie ghanéenne de pêche.
En Somalie, le nouveau port de Berbera est achevé
En janvier 1966, le ministre des Travaux publics de la République de Somalie posait, à Berbera, la première pierre du nouveau port qui devait être construit en Somalie du Nord avec l’aide soviétique. Les travaux sont aujourd’hui achevés.
Construit dans le cadre d’un accord de coopération économique et technique, conclu entre les deux pays, ce nouveau port comprend deux quais d’amarrage d’une longueur totale de 320 m, un quai auxiliaire de 40 m, permettant ainsi l’accostage de deux navires de 20 000 t. Une centrale électrique, une station radio, des dépôts et ateliers mécaniques dotés de moyens modernes de chargement et de déchargement, bâtiments administratifs et habitations des dockers ont successivement été mis en service.
Ces installations qui ont été construites pour faire face à un trafic annuel de l’ordre de 200 000 t, sont susceptibles d’être développées si le besoin s’en faisait sentir. Dans le même temps et dans le cadre du même accord, les Soviétiques participent à la construction d’une usine de conserves de poissons à Las Khoreh, laquelle devrait être en mesure de fonctionner dans le courant de l’année.
Ainsi, la Somalie du Nord, qui vient de s’ouvrir une fenêtre moderne sur le golfe d’Aden, va-t-elle pouvoir développer dans de meilleures conditions ses échanges avec l’extérieur. ♦