Le méridien de Bordeaux
Préfacé par M. Chaban-Delmas, maire de Bordeaux et alors président de l’Assemblée nationale, le livre de Robert Cassagnau est une histoire des grands événements nationaux qui ont eu pour cadre le grand port et rappellent aux Français de douloureux souvenirs : l’installation du Gouvernement à Bordeaux en 1871, en 1914 et en 1940, a marqué de tragiques étapes dans la vie de notre pays. Heureusement, l’auteur mêle à son récit de nombreuses notations personnelles où apparaît l’amour qu’il porte à sa ville, « Versailles fluvial, Pétersbourg, Lisbonne et Venise ». Ainsi la stricte objectivité historique se trouve-t-elle agrémentée de poésie et de ferveur locales ; ainsi, dans un cadre régional bien particulier, les préoccupations nationales viennent-elles prendre leur place en élargissant les dimensions habituelles des préoccupations locales.
Le destin de Bordeaux apparaît sous un jour digne d’être remarqué. À la fois « porte océane » et refuge temporaire des administrations et des ministères parisiens, la ville invite à prendre le large en même temps qu’elle incite à demeurer sur la terre de France. C’est notamment le drame de 1940 qui se concrétise ainsi dans la double vocation du grand port du Sud-Ouest. Bordeaux, dernier bastion de la France métropolitaine, mais première étape vers les terres de l’Empire, Bordeaux sur son méridien qui sépare l’une de l’autre en même temps qu’elle les unit, a dans notre histoire un rôle et une fonction qui lui confèrent une indiscutable originalité.
On comprendra mieux celle-ci en lisant ce livre clairement rédigé, de lecture agréable. « J’ai beaucoup appris aussi dans cette lecture », écrit le président Chaban-Delmas dans sa préface. Il en sera certainement de même pour tous ceux qui le liront. ♦