Politique et diplomatie - Armement nucléaire et destin européen
On ne saurait trop souligner à quel point la révolution technique qui est en cours dans cette seconde moitié du XXe siècle, et dont l’explosion atomique et l’exploration de la Lune constituent les étapes, a modifié toutes les données des questions internationales.
Je n’étudierai ici, à titre d’exemple, parmi les conséquences de cette révolution, que celles qui affectent le plus directement la politique militaire de la France et le destin européen.
La première constatation qui s’impose débouche sur une situation dont le caractère paradoxal a déjà été signalé, notamment par Pierre Gallois. Force est en effet de constater, si l’on examine sans parti pris les données de la situation militaire en Europe, qu’un conflit généralisé dans lequel seraient directement impliqués les principaux protagonistes européens et qui mettrait en jeu les seules armes classiques n’est pas concevable. Je reviendrai sur ce point. Faut-il admettre en revanche qu’un conflit localisé reste possible en Europe, qui ne ferait intervenir que les armes classiques ? Cela paraît exclu, si l’on songe à un conflit localisé au sens strict, opposant des États participant aux deux alliances antagonistes, aussi longtemps du moins que demeurent les systèmes d’alliances actuellement en vigueur (1). Dans ce cas, en effet, les alliés ne pourraient pas ne pas intervenir, et nous nous trouverions ramenés, si elle avait un sens, à l’hypothèse, envisagée plus haut, d’un conflit généralisé de type classique. Mais peut-on imaginer, en 1970, une Europe balkanisée où les solidarités actuelles seraient totalement dissoutes ?
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