Militaire – Le potentiel comparé des forces armées dans le monde (The Military Balance 1969-1970) – Armements nucléaires stratégiques – Forces conventionnelles – Budgets de défense
Le potentiel comparé des forces armées dans le monde (The Military Balance 1969-1970)
L’Institut d’études stratégiques de Londres vient de publier son rapport annuel intitulé The Military Balance 1969-1970. Ce document qui réalise une synthèse d’informations provenant de sources « ouvertes » offre au lecteur un ensemble de statistiques sur les principales armées du monde. Depuis onze ans, la somme de renseignements fournis s’accroît et se précise dans les secteurs les plus divers, comme les armements stratégiques, les forces conventionnelles et les budgets de défense. Bien que certains chiffres, notamment ceux concernant les pays de l’Est, doivent être accueillis avec prudence, la brochure présente un très grand intérêt.
* * *
Armements nucléaires stratégiques (voir tableaux 1 et 2 en annexe).
Alors que les États-Unis et l’URSS envisagent d’entamer des conversations sur la limitation des armements stratégiques (1), le rapport de Londres montre l’importance des efforts déployés de part et d’autre pour le développement de ces armes. Il fait aussi le point des résultats obtenus par les autres puissances nucléaires.
D’après le document, l’URSS tient la première place pour le nombre de vecteurs, y compris ceux de portée moyenne et intermédiaire, tandis que les États-Unis conservent une avance technologique appréciable dans le domaine des ogives. Par contre, la Chine paraît progresser moins vite que prévu. Quant à la France et à la Grande-Bretagne, elles se constituent des forces nucléaires sous-marines comparables.
Le bilan des moyens nucléaires russes et américains doit être établi par catégorie de vecteurs avant de l’envisager sous l’angle des charges.
– En ce qui concerne les Missiles offensifs intercontinentaux (ICBM, pour Intercontinental Ballistic Missile), l’URSS a rejoint les États-Unis (1 050 ICBM contre 1 054) (2). Ce succès remarquable est le fruit de sept années d’efforts persévérants dont l’origine remonte à la crise de Cuba en 1962, mais dont le développement prodigieux est très récent : en trois ans le nombre de ces missiles a triplé, passant de 300 à 1 050. Déjà, plus de 200 fusées SS-9 sont en service ; elles menacent directement les silos de Minuteman américains, puisque leur portée atteindrait 16 000 km et leur puissance 25 Mégatonnes (Mt). Elles ont toutefois des moteurs à propergols liquides dont le volume et les délais de mise en œuvre constituent un handicap par rapport aux Minuteman munis de propulseurs à poudre.
– En ce qui concerne les Sous-marins lance-missiles (SNLE), la supériorité appartient aux Américains. Leurs 41 sous-marins Polaris à eux seuls représentent une capacité de deuxième frappe qui devrait dissuader tout adversaire d’attaquer le premier par surprise. 32 de ces bâtiments sont en patrouille : 7 dans le Pacifique et 25 dans l’Arctique, l’Atlantique Nord et la Méditerranée. Le rapport des vecteurs s’établit à 656 engins Polaris contre 160 missiles soviétiques du même type mais de portée moindre (2 400 km contre 4 600 pour le Polaris A-3). Sur le plan qualitatif, 31 sous-marins Polaris seront équipés de missiles Poseidon. Du côté soviétique, une nouvelle classe de sous-marins nucléaires (SNLE) apparaît. La cadence de sortie de ces bâtiments serait de quatre par an.
Les Américains bénéficient d’une nette supériorité quantitative et qualitative pour les bombardiers lourds : 450 contre 150 (3). De plus, les B-52 de l’US Air Force ont des capacités d’emport et de franchissement supérieures aux Bison (Mya-4) et Bear (Tu-20) soviétiques.
– Inversement, les Soviétiques l’emportent sur le nombre de moyens offensifs de portée intermédiaire (700 IRBM et MRBM contre 0, et 1 050 bombardiers moyens contre 60). Installées à proximité des frontières soviétiques et tournées essentiellement vers les objectifs d’Europe occidentale, ces armes pourraient, par exemple, neutraliser des terrains d’aviation situés à 1 700 km (SANDAL) et même 3 300 (SKEAN), non seulement en Europe mais aussi en Chine ou au Japon.
Il est donc normal que les Américains s’inquiètent de l’accroissement du nombre de vecteurs intercontinentaux soviétiques. Si les Russes arrivaient à acquérir une supériorité de deux contre un, dès le milieu de la prochaine décennie, les silos de Minuteman pourraient être neutralisés par une frappe initiale.
C’est la raison pour laquelle les présidents Johnson et Nixon ont réclamé la création d’un réseau de missiles antimissiles (ABM pour Anti-ballistic missile). Le Congrès a déjà voté la première tranche de crédits pour l’installation d’un dispositif baptisé Safeguard, dont les missiles défensifs Sprint et Spartan seront implantés dans le Montana et le Nord Dakota, autour des sites de Minuteman. Le développement ultérieur de ce réseau, considéré comme « mince », sera revu chaque année.
De leur côté, les Soviétiques ont déployé autour de Moscou un dispositif de missiles antimissiles, surnommé « Galosh », dans le but de protéger la ville contre les Minuteman tirés des États-Unis, ou les Polaris lancés de l’océan Arctique. Ils installent également un système d’alerte et d’interception sur la côte orientale de la Baltique (ligne Tallin).
Simultanément, la vulnérabilité des missiles SS-9 a diminué par suite d’une meilleure dispersion des sites et d’une protection renforcée des silos.
Ainsi, la balance numérique globale des vecteurs stratégiques penche en faveur des Américains, mais l’augmentation du nombre d’ICBM soviétiques est un facteur nouveau qui oblige les États-Unis à réviser leur propre défense tout en centrant leur riposte sur l’efficacité des charges nucléaires transportées.
– Dans le domaine des ogives nucléaires, les Américains bénéficient d’une supériorité qualitative et certainement quantitative mais le document n’en fait guère état. Leur avance technologique s’affirme dans la miniaturisation des charges. Les ogives à têtes multiples et indépendantes (MIRV) (4) ne sont pas encore opérationnelles, mais elles seront montées sur les missiles Poséidon et Minuteman. À cet effet, les expérimentations américaines se poursuivent avec succès depuis août 1968.
De leur côté, les Soviétiques ont procédé, dans le Pacifique, aux premiers essais de têtes multiples (MRV) (5) destinées aux missiles SS-9. Ces têtes plus sommaires comportent des charges et des leurres qui se séparent du corps de fusée et se dispersent en gerbe avant la rentrée dans l’atmosphère.
L’URSS serait également capable de mettre au point des MIRV, qui largueraient successivement des charges selon des trajectoires programmées. Sans aucun doute, la Russie s’efforce de rattraper son retard dans ce domaine.
Sur le plan quantitatif, les seuls renseignements fournis concernent l’Otan : 7 000 ogives tactiques nucléaires stockées en Europe sous contrôle américain sont mises à la disposition du commandement allié. Leur puissance moyenne est évaluée à 20 kilotonnes (kt) pour les missiles et 100 kt pour les bombes d’avion.
Quant aux trois autres puissances nucléaires, le développement de leurs forces stratégiques se poursuit à une échelle relativement modeste.
– En Chine, les résultats obtenus paraissent plus lents que prévu. Dans le domaine des vecteurs, le gouvernement de Pékin dispose de quelques bombardiers, mais pas encore, semble-t-il, de missiles. Les Occidentaux avaient estimé que les premiers MRBM seraient déployés en 1967, mais aucun site n’a été décelé. Il est possible que le programme initial ait été ralenti par la révolution culturelle. De même, aucun essai d’ICBM n’a été signalé dans le Pacifique. Les efforts ont cependant repris pour combler le retard (6). La Chine dispose de quelques bombes mégatonniques. Ses stocks de matière fissile correspondraient à un potentiel de cent armes de 20 kt, soit une trentaine de plus que l’an dernier, si l’on compare ce chiffre avec celui du document publié à Londres en 1968. L’échelonnement anormal des explosions nucléaires dans le Sinkiang [Xinjiang] pourrait indiquer que la matière fissile n’est pas produite au rythme initialement prévu par les Occidentaux.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement de Pékin ne dispose pas encore d’un stock d’armes et de vecteurs suffisant pour mener une guerre nucléaire d’une certaine envergure. Les Américains estiment que la Chine constituera une menace sérieuse pour leur pays vers 1975, mais à cette date, le réseau ABM Safeguard sera bien avancé à condition que de nouvelles tranches de crédits soient votées par le Congrès.
Pour clore l’inventaire des forces nucléaires stratégiques, le document évoque celles de la France et de la Grande-Bretagne.
– La France dispose de 40 bombardiers Mirage IV A armés de bombes de 80 kt. Le rapport mentionne la construction de 27 silos pour IRBM en Haute-Provence et annonce la mise en service de quatre SNLE entre 1970 et 1975.
– La Grande-Bretagne possédera en décembre trois sous-marins opérationnels de ce type, armés chacun de 16 fusées Polaris A-3. Un quatrième sous-marin entrera en service au début de 1970. La Royal Navy a déjà pris à son compte la mission de représailles stratégiques dévolue à la Royal Air Force jusqu’en juillet dernier. Les 50 bombardiers Vulcan de la force V ont reçu une nouvelle mission d’appui tactique de l’Armée du Rhin, mais pourraient en cas de besoin jouer un rôle stratégique.
Forces conventionnelles (voir tableaux 3, 4, 5, 6 et 7)
Dans le domaine communément appelé « conventionnel », il paraît intéressant d’établir, grâce aux statistiques fournies par le document, un rapport sommaire des forces pour les quatre théâtres qui retiennent actuellement l’attention : l’Europe, le Moyen-Orient, le Vietnam et les confins sino-soviétiques. Il n’est malheureusement pas possible de le faire pour le Nigeria et le Biafra, l’étude de Londres ne donnant aucune précision à ce sujet.
Europe
Sur le théâtre européen, les forces terrestres du Pacte de Varsovie bénéficient de la supériorité numérique (1,30 million d’hommes contre 1,12 pour l’Otan sans la France) (7). Elles possèdent deux fois plus de divisions (99 contre 57), mais celles-ci sont moins étoffées que celles de l’Alliance Atlantique (8).
Dans le domaine des blindés, la supériorité numérique du Pacte demeure écrasante (17 000 chars (9) contre 7 000 pour l’Otan). Le rapport des forces pour ces matériels approche 2,5 contre 1. Certains correctifs atténuent certes la rigueur de ces chiffres : selon le document, l’Alliance Atlantique dispose de chars plus modernes et mieux armés, d’armes antichars plus nombreuses.
Le Pacte l’emporte aussi pour le nombre d’avions mis en ligne (4 970 contre 3 025), mais les appareils de l’Alliance possèdent généralement un rayon d’action plus grand, une polyvalence certaine, et une capacité d’emport supérieure. En outre, les États-Unis pourraient rapidement renforcer le théâtre européen en prélevant des escadrons basés dans d’autres parties du monde. La balance globale des effectifs des forces aériennes pencherait alors en faveur de l’Otan et le rapport quantitatif s’établirait à deux contre un.
Sur mer, en comptant la totalité des flottes américaines et soviétiques, la supériorité numérique de l’Otan s’affirme également à deux contre un (1 million d’hommes contre 0,5). Elle devient même écrasante dans les catégories suivantes de navires : porte-avions et porte-hélicoptères, destroyers lance-missiles, escorteurs d’escadre et sous-marins nucléaires de chasse (voir tableau 8). Par contre, les forces du Pacte possèdent un nombre de sous-marins diesel beaucoup plus élevé.
La marine soviétique, à elle seule, tient la deuxième place du monde pour son tonnage. Sa puissance réside dans une flotte sous-marine importante qui compte 320 sous-marins diesel et 60 sous-marins à propulsion nucléaire. Cette dernière catégorie fait l’objet d’un vaste programme de constructions en cours. Par théâtre, les sous-marins se répartissent comme suit : 150 dans l’Arctique, 120 dans le Pacifique, 70 en Baltique et 40 en mer Noire. La marine soviétique apparaît depuis peu dans l’océan Indien et multiplie ses activités en Méditerranée où sa présence s’est accentuée depuis le conflit israélo-arabe de 1967.
– Au Moyen-Orient (voir tableau 4) la balance quantitative des effectifs penche en faveur des États arabes. Si Israël et l’Égypte mobilisaient leurs réserves, les forces arabes l’emporteraient de près de 300 000 hommes. Elles possèdent trois fois plus d’avions de combat (812 contre 275) et deux fois plus de blindés (2 300 chars contre 1 000). Le document ne mentionne pas l’existence des commandos palestiniens. Par contre, il rappelle que le Commandement arabe unifié, créé en 1964, ne joue pas encore un rôle déterminant.
– Au Vietnam, la balance des forces n’est guère significative car l’appareil militaire, la doctrine et la tactique diffèrent dans les deux camps. Sur le plan des effectifs : 1 million d’Américains et de Sud-Vietnamiens s’opposent à 450 000 Nord-Vietnamiens sans tenir compte des forces paramilitaires évaluées à 593 000 hommes pour le Sud et 420 000 pour le Nord-Vietnam. Sur le plan des matériels, le Nord aligne 133 appareils de combat et le Sud plus de 1 000, si l’on tient compte des 250 appareils basés en Thaïlande. Il faut ajouter plusieurs milliers d’hélicoptères et les appareils de la 7e Flotte. La puissance américaine est donc écrasante et pourtant la situation militaire n’évolue guère. En effet, d’autres facteurs, tel le milieu humain sont importants au Vietnam, comme ailleurs.
– Aux confins sino-soviétiques. Le document de Londres relate les incidents qui se sont produits sur l’Oussouri et donne quelques précisions sur les potentiels respectifs de la Chine et de l’URSS.
La puissance de la Chine réside dans l’abondance de ses réserves humaines. Sur une population évaluée à 800 millions d’habitants, 150 millions d’hommes seraient en âge de porter les armes, mais les industries d’armement nationales ne pourraient doter une telle masse de combattants. Les nombres correspondants pour l’URSS s’élèveraient à 241 millions d’habitants et 40 millions d’hommes mobilisables âgés de 18 à 45 ans.
Les forces régulières chinoises, qui se chiffraient à 2,8 millions d’hommes en 1968, auraient été portées à 3,3 millions d’hommes cette année, atteignant ainsi la parité avec l’URSS. Sur ce total, le gouvernement de Pékin maintient environ 22 divisions, soit le cinquième de ses grandes unités, face à la frontière soviétique. Des unités blindées et des unités d’artillerie ont vraisemblablement fait mouvement vers le Nord-Est pour renforcer ou relever les garde-frontières. Des troupes auraient été prélevées sur des secteurs jusque-là prioritaires : la côte, face à Formose, et les provinces du Sud, face au Tonkin. D’autres troupes ont quitté la région de Pékin pour la Mongolie intérieure où elles doivent mettre sur pied des « unités de production agricole » semblables à celles qui existent déjà au Sinkiang [Xinjiang] et en Mandchourie. Elles auront à y jouer un rôle économique et paramilitaire.
Sur mer, le rapport quantitatif des effectifs est de trois pour l’URSS contre un pour la Chine. Dans les airs, il n’est que de deux contre un.
Mais, pour mieux évaluer les efforts déployés de part et d’autre, il faut aussi comparer les budgets de Défense des principaux pays.
Budgets de Défense (voir tableaux 9 et 10)
D’une façon quasi générale, les dépenses consenties pour la défense ont tendance à augmenter en valeur absolue, de même que les dépenses par tête d’habitant. Inversement, lorsque ces dépenses sont exprimées en pourcentage du Produit National Brut la tendance accuse une légère baisse.
Ainsi, les budgets de défense prévus pour 1969 par les gouvernements des États du Pacte de Varsovie se sont-ils accrus par rapport à ceux de 1968, en valeur absolue (URSS + 6 %). Ceux des pays de l’Otan ont également augmenté à l’exception de ceux des États-Unis (– 1,5 %) (10), de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Italie. Les crédits militaires des autres pays européens augmentent partout, sauf en Suisse. Au Moyen-Orient, la croissance est générale. Elle est même considérable pour Israël (+ 25 %), puisqu’elle s’ajoute à celle de 25 % enregistrée l’an dernier. Parallèlement, l’Égypte accuse une augmentation de 15 %. Ailleurs, il en est de même, sauf en Australie et en Birmanie.
Les dépenses par tête d’habitant évoluent dans un sens identique : les États-Unis se classent les premiers avec 396 dollars par habitant (au lieu de 368 en 1968 ; viennent ensuite Israël (224 dollars), l’URSS (169 dollars) et la Suède (128 dollars). Les pays dépensant le moins par habitant sont en général les plus peuplés : l’Indonésie (deux dollars), l’Inde et les Philippines (trois dollars), la Chine (neuf dollars).
Le pourcentage des dépenses militaires par rapport aux PNB pour l’année 1968 décroît légèrement dans tous les pays de l’Otan (sauf en Norvège) et dans les pays de l’Est (sauf en Hongrie, en Allemagne de l’Est et en Tchécoslovaquie). Au Moyen-Orient, il croît (sauf en Égypte et en Arabie Saoudite). Les pourcentages les plus élevés se situent en Russie (93 %), aux États-Unis (93 %), en Israël (16,1 %), au Vietnam-Sud (12,5 %). Enfin, en Chine il serait de 9 %.
* * *
Le document de Londres a le mérite de fournir sous un petit format les données de base sur les principales armées du monde. Il est le seul ouvrage de vulgarisation de ce genre. Les statistiques y ont un caractère « officiel », puisqu’elles sont établies à l’aide d’une documentation « ouverte » généralement fournie par les pays intéressés. Les renseignements militaires paraissent cependant plus précis que les renseignements économiques qui dépendent de nombreux facteurs : dévaluations, années budgétaires ne commençant pas à la même date…
Le document fournit des renseignements souvent plus quantitatifs que qualitatifs en matière d’effectifs et d’armements. Il montre ainsi que la supériorité américaine s’affirme dans les catégories d’armes stratégiques les plus évoluées comme les sous-marins SNLE et les ogives à têtes multiples MIRV. Cette supériorité qui résulte actuellement d’une avance technologique importante, notamment en électronique, ne suffira peut-être pas à garantir suffisamment dans quelques années la sécurité des États-Unis. En effet, l’augmentation du nombre d’ICBM soviétiques constitue un facteur nouveau qui oblige les Américains à revoir la défense de leur territoire national. À cette menace s’ajoutera, vraisemblablement vers 1975, celle d’une force de frappe chinoise encore à l’état embryonnaire.
Dans le domaine conventionnel, le nombre reste l’apanage des pays de l’Est, du moins sur terre et dans les airs. Au Moyen-Orient, il appartient aux pays arabes face à Israël ; dans le Sud-Est asiatique, il se situe du côté américain et sud-vietnamien. Là comme ailleurs, d’autres facteurs interviennent : le moral des combattants, la valeur des chefs, le terrain, le rôle des forces paramilitaires… ces facteurs parfois déterminants sont difficiles à chiffrer. Aussi, le document de Londres n’en fait-il pas état. Par contre, il montre que les dépenses consenties pour la défense ont tendance à augmenter en valeur absolue d’une année à l’autre.
* * *
Tableau 1– Potentiel des forces stratégiques à la fin de 1969
A – Forces nucléaires stratégiques (nombre de vecteurs)
Catégorie |
États-Unis |
URSS |
Chine |
France |
Grande-Bretagne |
ICBM |
1 054 |
1 050 |
– |
– |
– |
Missiles de type Polaris |
656 |
160 |
– |
– |
48 |
Bombardiers lourds |
450 |
200 |
– |
– |
– |
Bombardiers moyens |
60 |
1 050 |
Quelques bombardiers |
40 |
50 |
IRBM et MRBM |
– |
700 |
– |
– |
– |
B – Accroissement du nombre de missiles stratégiques (États-Unis et URSS)
Graphique
Tableau 2 – Principaux missiles à ogive nucléaire actuellement en service
Nom |
Propulseur |
Portée max. |
Mise en service |
Puissance de la charge |
A – ÉTATS-UNIS |
|
|
|
|
LGM-25C Titan 2 |
Solide-Liquide |
14 500 |
1963 |
5 Mégatonnes et plus |
LGM-30A Minuteman 1 |
Solide |
10 500 |
1962 |
1 Mt et plus |
LGM-30F Minuteman 2 |
Solide |
13 000 |
1966 |
2 Mt |
UGM-27A Polaris A1 |
Solide |
2 200 |
1960 |
0,7 Mt |
UGM-27B Polaris A2 |
Solide |
2 700 |
1963 |
0,7 Mt |
UGM-27C Polaris A3 |
Solide |
4 600 |
1964 |
0,7 Mt |
MGM-13B Mace |
Turboréacteur |
2 200 |
1963 |
de l’ordre kilotonnique |
MGM-31A Pershing |
Solide |
650 |
1964 |
de l’ordre kilotonnique |
MGM-29A Sergeant |
Solide |
120 |
1962 |
de l’ordre kilotonnique |
B – URSS |
|
|
|
|
ICBM SCRAG |
Liquide |
8 000 |
– |
30 Mégatonnes (?) |
ICBM SS-9 SCARP |
Solide-Liquide |
16 000 |
1965 |
Jusqu’à 25 Mt |
ICBM Sasin |
Solide-Liquide |
9 600 |
1963 |
5 Mt |
ICBM |
Solide-Liquide |
8 000 |
1966 |
1 Mt |
ICBM Savage |
Solide |
8 000 |
1966 |
1 Mt |
IRBM Skean |
Liquide |
3 300 |
1961 |
1 Mt |
MRBM Sandal |
Liquide |
1 700 |
1959 |
1 Mt |
SLBM SARK |
Solide-Liquide |
500 |
1959 |
1 Mt |
SLBM SERB |
Solide-Liquide |
1 050 |
1964 |
1 Mt |
SLBM (type Polaris) |
Solide-Liquide |
2 400 |
1969 |
1 Mt |
SLM Strela |
Solide-Liquide |
650 |
1961 |
de l’ordre kilotonnique |
SRM Slud |
Liquide |
240 |
1957 |
de l’ordre kilotonnique |
CRM Shaddock |
Turboréacteur |
400 |
1962 |
de l’ordre kilotonnique |
Légendes – Type de lancement et désignation des missiles :
LGM (Launched Guided Missile): missile sol-sol.
UGM (Underwater Guided Missile) : missile sol-sol en silo.
SLCM (Submarine-Launched Cruise Missile) : mer-sol aérodynamique.
SRM (Short-Range Missile) : missile tactique à courte portée.
CRM (Cruise Missile): missile aérodynamique.
SLBM (Submarine-Launched Ballistic Missile) : mer-sol balistique.
MGM (Mobile Guided Missile): missile sur rampe mobile.
Tableau 3 – Effectifs des forces régulières en 1969 (en milliers d’hommes)
Pactes |
Population |
Terre |
Mer |
Air |
Total des forces régulières |
Otan (sans la France) |
475 500 |
3 274 |
1 064 |
1 337 |
5 675 |
Pacte de Varsovie |
344 450 |
3 165 * |
516 |
705 |
4 386 |
URSS |
241 500 |
2 330 * |
465 |
505 |
3 300 |
Chine |
800 000 |
2 500 |
141 |
180 |
2 821 ** |
* Y compris 330 000 hommes appartenant aux Forces nucléaires stratégiques russes.
** Ce total aurait été récemment porté à 3 300.
Tableau 4 – Effectifs des forces régulières au Moyen-Orient (en milliers d’hommes)
États |
Population |
Terre |
Mer |
Air |
Total des forces régulières |
Arabie saoudite |
6 000 |
28 |
1 |
5 |
34 |
Égypte |
32 100 |
280 * |
12 |
15 |
307 |
Irak |
8 700 |
70 |
2 |
6 |
78 |
Jordanie |
2 150 |
53 |
0,25 |
1,75 |
55 |
Syrie |
5 800 |
60 |
1,5 |
9 |
70,5 |
Total |
54 750 |
491 |
16,75 |
36,75 |
544,5 |
Israël |
2 800 |
11,5 |
3 |
8 |
22,5 |
Israël peut mobiliser |
– |
268 |
7 |
15 |
290 |
* Y compris 100 000 réservistes actuellement mobilisés.
Tableau 5 – Effectifs militaires des principaux pays en 1969 (en milliers d’hommes)
|
Forces régulières |
Effectifs paramilitaires |
Réservistes instruits |
Hommes de 18 à 45 ans |
% des forces régulières par rapport à l’effectif ci-contre |
États-Unis |
3 454 |
– |
971 |
39 650 |
8,7 |
URSS |
3 300 |
250 |
2 100 |
47 400 |
7 |
Canada |
98 |
– |
27 |
4 060 |
2,4 |
France |
503 |
80 |
390 |
10 600 |
4,7 |
Grande-Bretagne |
405 |
– |
268 |
10 700 |
3,8 |
Grèce |
159 |
23 |
200 |
1 850 |
8,6 |
Italie |
420 |
76 |
635 |
11 650 |
3,6 |
Pays-Bas |
124 |
3 |
220 |
2 650 |
4,7 |
Portugal |
182 |
15 |
500 |
1 820 |
10 |
RFA |
465 |
30 |
750 |
11 760 |
4 |
Turquie |
483 |
40 |
570 |
6 850 |
7,1 |
RDA |
137 |
77 |
200 |
2 870 |
4,8 |
Pologne |
275 |
45 |
440 |
6 800 |
4 |
Roumanie |
193 |
50 |
250 |
4 450 |
4,3 |
Tchéco-slovaquie |
230 |
35 |
300 |
3 180 |
7,2 |
Égypte |
207 |
90 |
100 |
4 300 |
4,8 |
Iran |
221 |
25 |
– |
5 300 |
4,2 |
Israël |
22 * |
– |
267 |
520 |
4,3 |
Afrique du Sud |
40 |
103 |
46 |
3 700 |
1,1 |
Australie |
87 |
– |
43 |
2 500 |
3,5 |
Chine |
2 821 |
300 |
– |
150 000 |
1,9 |
Inde |
925 |
100 |
110 |
100 000 |
0,9 |
Indonésie |
365 |
110 |
100 |
21 000 |
1,7 |
Japon |
250 |
– |
30 |
25 500 |
1 |
Pakistan |
324 |
200 |
4 |
19 270 |
1,7 |
Vietnam-Nord |
457 |
420 |
– |
– |
– |
Vietnam-Sud |
472 |
573 |
– |
– |
– |
* Ce total s’obtient en additionnant les effectifs d’active pour la marine (3 000) et l’aviation (8 000) ainsi que les cadres pour l’armée de Terre (11 500). Les effectifs globaux réels sont de l’ordre de 70 000 hommes.
Tableau 6 – Balance des forces en Europe
Nord et Centre Europe |
Europe méridionale |
|||
Otan * |
Pacte de Varsovie |
Otan |
Pacte de Varsovie |
|
Grandes unités : |
||||
Divisions blindées |
8 |
30 |
6 |
11 |
Autres divisions |
16 |
35 |
27 |
23 |
Effectifs disponibles et embrigadés en temps de paix (Milliers d’hommes) |
600 |
925 |
525 |
375 |
Chars lourds et moyens disponibles en temps de paix |
5 250 |
12 500 |
1 800 |
4 600 |
Aviation tactique |
||||
Bombardiers légers |
50 |
260 |
– |
60 |
Chasseurs d’appui au sol |
1 150 |
1 285 |
550 |
215 |
Intercepteurs |
450 |
2 000 |
300 |
860 |
Reconnaissance |
400 |
250 |
125 |
50 |
* Sans la France.
Tableau 7 – Effectif approximatif des grandes unités terrestres
Division (hommes) |
Brigade d’infanterie |
Escadron (appareils) |
|||||
Inf. |
Blindée |
Aéroportée |
Bombardiers |
Chasseurs |
Transport |
||
États-Unis |
16 000 * |
15 500 |
13 500 |
4 000–5 000 |
12–15 |
18–25 |
16 |
URSS |
10 500 |
8 500 |
7 000 |
2 000 ** |
9–10 |
10–12 |
8–10 |
Chine |
12 000-14 000 |
10 000 |
6 000 |
3 000 ** |
9–10 |
10–12 |
8–10 |
Égypte |
11 800 |
11 200 |
– |
3 500 |
10–12 |
20 |
8–10 |
France |
14 000 |
16 000 |
14 000 |
3 500-4 000 |
4 |
12–15 |
16 |
Grande-Bretagne |
12 000-15 000
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