Le 25 janvier 1971, le général Amin s'emparait du pouvoir à Kampala tandis que son prédécesseur, le Président Obote, devait se réfugier à Dar es Salam. L'auteur retrace ici les origines et les circonstances de ce coup d'État. Par son action habile, le général Amin a réussi, en moins d'un an, à asseoir son autorité sur un pays encore divisé par les particularismes ethniques et à rendre à une économie qui est la plus richement dotée de toute l'Afrique orientale en ressources minières, la dose de libéralisme indispensable au retour de la confiance chez les investisseurs étrangers. Il a normalisé ses relations avec ses voisins soudanais et tanzaniens. Pour l'auteur, qui connaît bien ce pays et en a goûté récemment les charmes touristiques – autre richesse de l'Ouganda – nul doute qu'il ne s'agisse là d'un coup d'État réussi.
Ouganda : bilan d'un coup d'État
La récente visite à Paris du Général Idi Amin, Président de la République Ougandaise, a attiré l’attention sur un pays que les Français connaissent mal. L’Ouganda est le plus petit des trois Territoires d’Afrique de l’Est (243 000 km2, soit à peu près la superficie de la Grande-Bretagne). Bien qu’il soit situé sur l’Équateur, le climat tropical d’altitude y favorise le peuplement. Aussi la densité moyenne de la population est-elle l’une des plus fortes du continent africain : 38 au km2 pour plus de 9 millions d’habitants (deux fois la Côte d’Ivoire) avec un taux de croissance annuel de 2,7 %. Largement christianisé (1/3 de catholiques et 1/5 d’anglicans), l’Ouganda est un pays à vocation agricole où existe une petite bourgeoisie paysanne très attachée à la terre et soucieuse de stabilité sociale. Constitué d’anciens royaumes ayant conservé leurs particularismes, le pays n’a été organisé en État unitaire qu’en 1966, sans cependant que les dirigeants aient vraiment réussi à mettre fin au tribalisme et à forger un authentique sentiment national.
Ce pays est potentiellement plus riche que les deux autres États d’Afrique Orientale (Kenya et Tanzanie). À une agriculture importante (60 % de la production nationale : coton, café, thé, tabac…) s’ajoutent l’élevage (plus de quatre millions de bêtes à cornes concentrées dans le Nord-Est et le Sud-Ouest) et la pêche, pratiquée sur les lacs Victoria, George, Edouard, Albert et Kyoga. L’industrie minière offre en outre des perspectives intéressantes (cuivre, étain, or, tungstène, phosphates). La forte expansion économique qu’a connue ce pays pendant et depuis la deuxième guerre mondiale permet d’envisager la réalisation de grands projets tels que l’oléoduc Mombasa-Kampala, une raffinerie de pétrole qui pourrait alimenter dans de bonnes conditions l’Oriental congolais et des aménagements hydro-électriques considérables dans le site récemment retenu d’Aru. Enfin un climat difficilement concevable sous de telles latitudes, une flore et une faune d’une grande richesse, un relief parfois imposant (la chaîne du Ruwenzori, les « Montagnes de la Lune » où naît le Nil), des parcs nationaux (Queen Elisabeth Park et Murchison Falls Park) parfaitement aménagés, font de l’Ouganda le paradis des touristes et devraient apporter au pays un surcroît de ressources appréciable.
L’Ouganda est situé à la charnière des pays anglophones et des pays d’expression française (il est voisin du Rwanda et du Zaïre). À ce titre, tous les gouvernements depuis l’indépendance (9 octobre 1962) ont souhaité entretenir avec la France des contacts amicaux. Ces contacts ne sont encore qu’à peine ébauchés. À l’instigation du nouveau Chef de l’État, ils pourraient se développer rapidement, notamment sur le plan culturel.
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