Politique et diplomatie - L’aigle englué
Le 31 octobre 1968, le président Johnson, s’adressant à la nation américaine, annonçait qu’il avait donné l’ordre d’arrêter tous les bombardements exécutés par les forces américaines sur le Vietnam du Nord à compter du 1er novembre au matin. Cette décision avait été préparée par un ordre présidentiel du 31 mars d’interrompre les bombardements aériens du Nord-Vietnam au-delà du 20e parallèle. L’une et l’autre de ces décisions avaient un caractère inconditionnel. Elles manifestaient la conviction à laquelle était parvenue l’administration démocrate qu’une solution militaire du conflit étant impossible, la solution devait être cherchée par la voie de la négociation avec tous les intéressés et que si une désescalade était nécessaire pour que la négociation puisse s’ouvrir, les États-Unis devaient s’y résigner.
Le 30 avril 1970, le président Nixon, dans un discours également adressé à la nation américaine, annonçait que les forces des États-Unis opérant au Sud-Vietnam avaient pénétré en territoire cambodgien pour y faire face à une « agression » perpétrée contre ce pays par des combattants du Nord-Vietnam et du Front National de Libération Sud-Vietnamien. Dans les jours qui suivirent, des raids aériens étaient à nouveau entrepris contre le Nord-Vietnam.
Si l’on songe qu’aussitôt après son entrée en fonction, Richard Nixon soulignait que son élection marquerait la transition entre le temps de la « confrontation » et le temps de la « concertation », le rapprochement de ces deux dates demande des explications. Pour comprendre le chemin parcouru entre la fin de 1968 et le début de 1970, il faut tenir compte des principes directeurs de la stratégie américaine ; il faut ensuite rappeler quelques faits et tenter de les interpréter.
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