Nouvelle crise en Jordanie et conjoncture arabe (juin 1970)
La crise survenue en février 1970 en Jordanie, entre la Résistance Palestinienne et les autorités hachémites (1), se termine par un compromis, mais elle ne laisse pas subsister d’illusions : non seulement le trône du roi Hussein reste menacé, mais l’équilibre interne de la Résistance Palestinienne est lui aussi rendu précaire par le poids sans cesse accru des éléments les plus extrémistes.
Les événements, plus graves encore, qui secouent le Liban durant les mois de mars et de mai (2), généralisent l’inquiétude dans le monde arabe. Il devient évident que, de ces dissensions intérieures de l’arabisme, Israël est le seul bénéficiaire. Si hostiles, en principe, que les gouvernements révolutionnaires arabes soient aux formules libérales et occidentalisantes qui prévalent à Beyrouth, plusieurs d’entre eux apportent à l’État libanais un concours effectif : non seulement la République Arabe Unie, mais la Libye s’entremet, et la Syrie accepte une reprise de contact ; car la poursuite même de la lutte exige que l’anarchie ne prévale pas dans les arrières du front.
Il semble d’ailleurs qu’en faisant le bilan des différentes opérations menées contre Israël, les états-majors arabes en viennent à douter que le résultat des actions de la Résistance Palestinienne soit toujours positif. Quel avantage concret la coalition arabe tire-t-elle de l’extension des entreprises des fedayins dans les confins israélo-libanais ? Cette « diversion » ne détourne et ne fixe qu’une portion insignifiante des forces d’Israël ; mais celles-ci pourraient désormais, le cas échéant et à leur gré, opérer dans la zone du Liban-Sud qui leur était naguère inaccessible, prendre des gages supplémentaires, et se constituer au détriment d’un nouvel État arabe une zone de sécurité. De plus, certaines actions irréfléchies, comme l’attaque d’un autobus israélien de ramassage scolaire, entreprise par une formation palestinienne minuscule (3) desservent fâcheusement la propagande arabe et obligent à des désaveux gênants.
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