Militaire - États-Unis : l'avenir du bombardier stratégique - Otan : premier exercice de la force navale « On call » - Grande-Bretagne : politique de défense du Parti conservateur - Pacte de Varsovie : réunion du Comité des ministres de la Défense ; inspection des groupes de forces extérieures par le maréchal Gretchko - République populaire de Chine : le programme spatial et le programme ICBM (Intercontinental ballistic missile) - Inde : nouvelles militaires et projet d'armement nucléaire national
États-Unis : l’avenir du bombardier stratégique
Alors que les conversations américano-soviétiques sur la limitation des armements stratégiques (Strategic Arms Limitation Talks ou SALT) se poursuivent à Vienne, le Département de l’Armée de l’air a annoncé, le 5 juin, que deux contrats, d’un montant total de 1,7 milliard de dollars, venaient d’être passés avec des industriels pour l’étude et la réalisation de sept prototypes d’un nouveau bombardier stratégique, le B-1 (ex-projet AMSA) (1), destiné à succéder au B-52 Stratofortress qui date d’une quinzaine d’années.
La firme North American-Rockwell Corporation d’El Segundo (Californie) a remporté la soumission de la cellule (1,3 milliard de dollars) tandis que la General Electric Company d’Evendale (Ohio) a été chargée de la mise au point des moteurs (contrat de 406,6 millions de $).
Le Secrétaire à l’US Air Force, M. Seamans, a précisé que la signature de ces deux contrats n’impliquait pas nécessairement la construction d’une flotte de B-1. Une telle décision, de par ses conséquences, mérite en effet un examen approfondi en fonction de l’évolution des négociations SALT.
Si la décision était prise de remplacer à partir de 1978 les B-52 du Strategic Air Command (SAC), il faudrait, d’après M. Seamans, construire 200 à 250 B-1. Selon les prévisions en effet, les États-Unis, qui ont actuellement près de 600 B-52, ne disposeront plus à cette époque que de 200 à 250 B-52G et H appelés à être progressivement réformés. Le début des essais en vol des prototypes étant prévu pour 1974, le premier escadron de B-1 (16 appareils) pourrait être opérationnel au 1er janvier 1978 et l’ensemble de la force en 1980.
L’USAF estime qu’une telle flotte coûterait environ 13 Md$, y compris les frais d’entretien sur une période de dix ans. Toutefois cette estimation est mise en doute par certains experts selon lesquels, compte tenu en particulier de l’évolution des techniques de pénétration du système d’armes, la dépense globale pourrait s’élever à quelque 20 Md$.
Le B-1 serait un quadriréacteur à géométrie variable. Doté à haute altitude (20 000 mètres) d’une vitesse maximale légèrement supérieure à Mach 2,5 c’est-à-dire deux fois et demie la vitesse du son, il serait capable de franchir plus de 16 000 km sans ravitaillement en vol et pourrait emporter une charge militaire double de celle du B-52.
Le Département de l’Armée de l’air a donné des précisions sur l’emploi du nouveau bombardier. Du fait de la souplesse d’emploi propre au vecteur piloté, il pourrait être utilisé aussi bien en guerre conventionnelle qu’en guerre nucléaire limitée ou généralisée. Dans le premier cas, le B-1 pourrait emporter de 45 à 55 tonnes de bombes, et dans le second, son armement comprendrait à la fois des bombes de 9 mégatonnes, des missiles d’attaque air-sol de type SRAM (2), des missiles, à la fois leurres et armes, air-sol de type SCAD (3), ainsi que des missiles défensifs air-air. À titre indicatif, le B-1 pourrait emporter une trentaine de SRAM ou environ une quarantaine de SCAD. Par ailleurs, l’appareil serait étudié pour opérer à très basse altitude au-dessus des territoires ennemis, ses possibilités de vol à grande vitesse et haute altitude n’étant utilisées que pour le trajet aller et pour échapper à la poursuite de l’ennemi lors du retour.
Sur le plan de la manœuvre, le système d’armes serait conçu pour permettre la pénétration même au-dessus des zones les mieux défendues. Selon les partisans du vecteur piloté, une flotte de B-52, et a fortiori une flotte de B-1, opérant de plus en plus dans la profondeur par vagues successives, aurait vis-à-vis des défenses aériennes les plus modernes une capacité de pénétration supérieure à celle des missiles à têtes multiples à guidage indépendant (MIRV) face aux défenses antimissiles (ABM). Les appareils arrivant à basse altitude et grande vitesse pourraient en effet utiliser, avant même d’être pris à partie par les armes antiaériennes de l’ennemi, les missiles SRAM pour détruire les défenses de première ligne ; puis larguer les SCAD pour tromper et détruire les défenses situées en profondeur ; et enfin réserver leurs bombes pour des objectifs particulièrement durcis. Ils pourraient en outre, avec les missiles air-air, assurer leur défense contre la chasse ennemie. En particulier, les SCAD largués par une vague de bombardiers chemineraient de conserve avec les avions (même vitesse, même altitude) dont ils multiplieraient environ par 20 le nombre sur les écrans de radars adverses, élargiraient le raid aux yeux de l’ennemi dont ils attireraient la plupart des feux défensifs et contribueraient à détruire les moyens de détection.
En février 1969, le Pentagone avait fait état des études entreprises par l’US Air Force en vue de développer un système utilisant les bombardiers B-52 (et leurs successeurs éventuels) et une arme nouvelle, le SCAD, susceptible de saturer les défenses et de révolutionner ainsi l’emploi des appareils stratégiques pilotés. Au budget voté pour l’exercice 1er juillet 1969-30 juin 1970 le projet SCAD a effectivement obtenu 13,4 M$, et au projet de budget pour 1970-1971, il figure pour 33,6 M$.
Il est permis de penser que la mise au point du SCAD jointe à l’apparition du SRAM assurera, sur le plan stratégique, l’avenir du bombardier piloté, qui de ce fait, pourrait être l’objet de discussions serrées au cours des conversations SALT.
Otan : premier exercice de la force navale « on call »
La force navale « on call » de la Méditerranée – NAVOCFORMED – dont la création avait été décidée en janvier 1969, a effectué son premier exercice du 26 avril au 9 mai 1970.
Cette force navale a été instituée en vue de disposer dès le temps de paix d’un groupe interallié de bâtiments qui restent normalement sous commandement national, mais sont susceptibles d’être constitués rapidement en « Task-force » à la demande du Commandant en chef Sud-Europe, en cas d’alerte ou pour exercice. La planification, la préparation et l’entraînement de cette force occasionnelle sont la responsabilité directe de cette autorité. Les bâtiments qui la composent sont fournis par chacun des cinq pays ayant des forces intégrées au commandement Sud-Europe ; ils n’ajoutent rien au potentiel naval réservé pour affectation à l’Otan. Malgré leur vocation opérationnelle, ils ne constituent pas davantage une force de choc. Il s’agit d’un élément surtout symbolique, destiné à renforcer la cohésion des participants et à affirmer la solidarité entre alliés face à la menace navale soviétique.
À cet égard, le premier exercice de la force disponible « sur appel » présente un certain intérêt. Il réunissait, aux ordres du commandant italien du destroyer lance-missiles Impavido, trois autres destroyers (Greene américain, Sfendonis grec, Gemlik turc) et la frégate britannique Cleopatra (4). Le seul fait qu’il ait pu avoir lieu, en dépit de la récente condamnation du régime hellénique au Conseil de l’Europe par trois des Nations participantes, mérite d’être souligné. Cependant, le choix d’escales discrètes, notamment en Grèce (Crète), ôte de sa valeur à la solidarité de défense ainsi affichée face à l’URSS.
Motif de satisfaction pour la Grèce, cet exercice l’est aussi pour l’Italie. Titulaire du commandement des forces navales Sud-Europe, cette dernière poussait à la mise en place rapide de la force « on call » sous prétexte d’un renforcement de la sécurité dans ce secteur. Le fait que le commandement de ce premier exercice lui ait été confié apparaît comme une marque d’attention particulière à l’égard de la marine italienne
Grande-Bretagne : politique de défense du Parti conservateur
La politique de défense envisagée par M. Heath rappelle par certains côtés la politique de prestige traditionnelle menée par les gouvernements britanniques avant 1964. Le programme conservateur marque la volonté de garantir une meilleure protection des intérêts économiques de la Grande-Bretagne dans le monde tout en assurant une plus grande sécurité de la métropole.
Cette politique a été maintes fois présentée par M. Rippon, ancien Oxfordien, Conservateur, qui fut ministre des Travaux publics dans le gouvernement Macmillan en 1962. M. Heath l’avait choisi comme ministre de la Défense dans le contre-gouvernement, pour succéder, en 1968, à M. Powell. À ce titre, il est intervenu à maintes reprises dans les débats au Parlement pour préciser la position de son parti et prendre généralement le contre-pied de son adversaire, M. Healey, sur les grands problèmes militaires : la stratégie à l’Est de Suez, l’avenir des porte-avions, la « Territorial Army » et la coopération nucléaire avec la France (5).
À l’Est de Suez, M. Rippon a déclaré en mai 1969 que la présence britannique dans le golfe Persique et le Sud-Est Asiatique restait souhaitable dans la mesure où les gouvernements locaux en exprimeraient le désir.
Dans le golfe Persique, les Conservateurs envisagent de maintenir quelques bâtiments de la Royal Navy, ainsi que des détachements chargés, entre autres, de l’instruction des forces locales. L’Iran et les Émirats ont toutefois émis des réserves à ce sujet.
À Singapour et en Malaisie, les Tories comptent arrêter le processus d’évacuation, garder environ 5 000 hommes et mettre ce contingent à la disposition d’une alliance militaire qui grouperait, dans le cadre du Commonwealth : l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et Singapour. La Grande-Bretagne serait donc à nouveau engagée dans le Sud-Est Asiatique, mais avec des effectifs réduits.
Le souci de garantir les intérêts économiques incite également les Conservateurs à renforcer la protection des routes commerciales maritimes en prolongeant la vie des porte-avions. Le gouvernement travailliste avait décidé de les retirer du service actif en 1972. Selon la Royal Navy ces navires, récemment modernisés, pourraient être maintenus en activité jusqu’en 1980, époque de la mise en service des premiers bâtiments portant des avions à décollage vertical.
Pour assurer la protection de la route du Cap, celle du pétrole, les Conservateurs comptent utiliser la base navale de Simonstown, conformément aux accords en vigueur avec l’Afrique du Sud. D’autre part, les ventes d’armements au gouvernement de Pretoria, notamment de navires et d’avions de surveillance maritime, pourraient reprendre dans un avenir proche.
Bien que n’envisageant pas un retour au service militaire obligatoire, les Conservateurs ont toujours déploré la politique de déflation des effectifs pratiquée depuis plusieurs années par les Travaillistes. Ils préconisent donc un changement d’orientation dans ce domaine. Certaines unités régulières dissoutes pourraient être reconstituées, la Défense civile et la « Territorial Army » remises sur pied. Cette dernière comporterait un corps de volontaires ayant pour mission la Défense opérationnelle du territoire (DOT), autrement dit la protection des points sensibles, la lutte contre les parachutistes ou les commandos débarqués sur les côtes et, en dernier ressort, la participation au maintien de l’ordre. Aucune forme de DOT n’existe actuellement en Angleterre.
Les Conservateurs insistent sur l’importance de cette défense intérieure, contrairement aux Travaillistes qui nient son utilité. Ils souhaitent donc disposer en Angleterre d’une force capable de faire face à l’imprévu au moment de la mobilisation, c’est-à-dire lorsque les brigades d’active embarqueraient pour renforcer l’Armée du Rhin sur le continent.
La fidélité à l’Otan est affirmée par les Tories qui entendent maintenir une politique de défense résolument orientée vers l’Europe. Dans ce cadre, ils estiment que la Grande-Bretagne devrait conserver le libre emploi de ses armes nucléaires dès lors que ses intérêts vitaux lui sembleraient en danger.
En ce qui concerne une éventuelle collaboration nucléaire avec la France, le bureau d’études du Parti conservateur a publié, en mars 1970, une brochure intitulée : Vers une entente nucléaire. Ses auteurs estiment nécessaire et possible une telle collaboration. Sa nécessité résulte de l’évolution de la politique américaine, le retrait envisagé par Washington diminuant la valeur de la protection nucléaire américaine accordée à l’Europe. Une garantie nucléaire européenne fondée sur les forces existantes apparaît comme la meilleure solution au problème posé. D’autre part, le coût élevé des modernisations qu’exigent les changements rapides de la technologie nucléaire ne peut être supporté par une seule nation. Même dans le cas d’une union entre la France et la Grande-Bretagne, l’aide des États-Unis serait encore nécessaire.
Les Conservateurs affirment qu’une telle collaboration est possible si elle existe dans le cadre de l’Organisation atlantique, étant entendu que cette dernière subirait les modifications qu’entraînerait la diminution du rôle américain en Europe. C’est en fait une coopération franco-anglo-américaine que préconisent les Conservateurs et celle-ci devrait en principe avoir pour résultat la mise sur pied d’une force nucléaire commune vers la fin de la décennie.
Pacte de Varsovie
Réunion du Comité des ministres de la Défense
Institutionnalisé à Budapest, en mars 1969, à l’issue des délibérations du Comité consultatif politique du Pacte, le Comité des ministres de la Défense des pays membres du Pacte de Varsovie s’est réuni les 21 et 22 mai à Sofia (Bulgarie).
Ce Comité est chargé de « la mise en forme des recommandations et propositions adoptées par les hautes instances politiques du Pacte, pour ce qui concerne les questions du renforcement de la capacité de défense des pays alliés et de l’amélioration de l’aptitude au combat des forces armées unifiées ». Il se situe à un échelon intermédiaire entre la décision politique et la direction des forces, ce qui, dans une certaine mesure, donne satisfaction aux désirs maintes fois exprimés par les pays satellites, en particulier la Roumanie, de participer à l’élaboration des décisions.
À Sofia six des sept ministres des pays membres du Pacte étaient présents, mais il ne faut probablement pas attacher de signification politique à l’absence du ministre roumain – le général Ionitsa était réellement malade. Plusieurs indices autorisent à penser que l’organisation d’exercices communs a été l’une des questions débattues à Sofia. En effet l’amiral Ormanov, vice-ministre de la Défense bulgare, rendant compte de la réunion, a insisté sur la nécessité des manœuvres communes, aussi la présence, à Sofia, de l’amiral Gorchkov – commandant en chef de la marine soviétique – et celle d’un amiral roumain étaient-elles sans doute liées à des préparatifs navals. Certaines informations ont fait état de problèmes relatifs à l’intégration des forces de défense aérienne. La présence à Sofia du Maréchal Batitsky, commandant en chef non seulement de la défense aérienne de l’URSS, mais de la défense aérienne des forces unifiées du pacte, ne peut qu’accréditer une telle information.
Plus généralement on peut raisonnablement penser que certains aspects de la coopération militaire des pays socialistes, au sein de l’alliance, ont été évoqués.
C’est sans doute dans le cadre de la fin du cycle d’instruction des forces armées des pays membres du Pacte de Varsovie qu’il faut inscrire les divers exercices qui se sont déroulés récemment en Tchécoslovaquie puis en Hongrie et Pologne et enfin en Bulgarie.
Inspection des groupes de Forces extérieures par le Maréchal Gretchko
L’Étoile Rouge [Krasnaïa Zvezda, journal du ministère de la Défense soviétique] rapporte dans ses numéros des 7 et 11 juin que le Maréchal Gretchko, ministre soviétique de la Défense accompagné du général Epichev, chef de la Direction politique principale des forces armées et du Maréchal d’aviation Koutakhov, commandant en chef des Forces aériennes, vient d’effectuer une tournée d’inspection dans les groupes de forces stationnées à l’extérieur de l’URSS. Il s’est rendu successivement en Tchécoslovaquie (GFC - Centre), en Hongrie (GFSS - Sud), en Allemagne de l’Est (GFSA - Allemagne), et en Pologne (GFN - Nord), et a regagné Moscou le 10 juin 1970 au soir. Il a assisté en Allemagne à un exercice tactique mettant en œuvre plusieurs divisions et des forces aériennes.
Au cours de cette inspection de routine, le ministre a, dans ses commentaires aux cadres des différents groupements, souligné l’intérêt présenté par la période d’été pour l’instruction en campagne des troupes. Il s’est en outre intéressé aux problèmes matériels de la vie dans les garnisons.
République populaire de Chine : le programme spatial et le programme ICBM (Intercontinental ballistic missile)
Les performances de la fusée utilisée pour le lancement du premier satellite chinois continuent de faire l’objet de spéculations. Selon les Américains, il s’agirait d’un engin similaire au SS-4 soviétique (poussée 14 t) surmonté d’un étage supplémentaire (poussée 11 t). À Tokyo, par contre, on estime que la fusée chinoise aurait les mêmes possibilités que la fusée japonaise de type Q, engin à quatre étages développant une poussée de 231 t (les premier, deuxième et quatrième étages sont à poudre, le troisième à propergol liquide) et capable de satelliser une charge de 200 à 250 kg à 430 km d’altitude.
Quoi qu’il en soit, l’existence d’un programme ICBM mené parallèlement au programme spatial ne fait pas de doute et le premier tir d’essai est attendu dans un proche avenir. À ce propos il faut mentionner le fait que l’association des ouvriers marxistes-léninistes d’Autriche, dans son message saluant le lancement du premier satellite chinois, a fait allusion à la possession d’ICBM par la Chine. Par ailleurs, la présence de navires de guerre chinois dans l’océan Indien, signalé au Parlement de Delhi par le ministre d’État de la Production de défense, pourrait être liée à la préparation d’essais d’ICBM. En effet le réceptacle le plus probable pour une telle expérience se situe dans la partie occidentale de l’océan Indien, zone dans laquelle la Chine se montre très active grâce aux relations privilégiées qu’elle entretient avec la Tanzanie.
Inde : nouvelles militaires et projet d’armement nucléaire national
Le chef d’état-major de l’Air, l’Air Marshal P.C. Lal s’est rendu en visite officielle en URSS.
Le quatrième sous-marin F livré par les Soviétiques est arrivé en Inde où l’on reparle d’une nouvelle commande de quatre submersibles. La subdivision maritime de Cochin (de Goa au Cap Comorin) est devenue « Région Maritime Sud ».
Le chasseur indien biplace HAM HF-24 Marut [du nom du Dieu de la tempête] a effectué son premier vol avec succès tandis que la deuxième frégate Leander était lancée aux chantiers navals de Mazagaon.
Répondant aux vœux du Parlement, le gouvernement indien a mis sur pied un comité chargé d’étudier le coût d’un armement nucléaire (6). Mais le fait nouveau en la matière a été la conférence de presse du Professeur Vikram Sarabhai, président de la Commission de l’énergie atomique et de l’Organisation de la recherche spatiale. Le professeur a indiqué que les programmes indiens dans ces deux domaines allaient être considérablement accélérés dans les dix années à venir. Il est notamment prévu :
– de réaliser quatre centrales nucléaires en plus de celle qui vient de diverger et des deux autres en construction. On obtiendrait ainsi une puissance totale de 2 700 MW en 1980 (7) ;
– de monter en collaboration avec General Electric et Hughes Aircraft Corporation trois satellites scientifiques de 40 kg entre 1975 et 1980 ;
– de les lancer à partir du nouveau polygone de Shri Harikota (8) grâce à des fusées Rohini à quatre étages (9), tout en préparant un lanceur lourd (1 300 kg sur orbite) pour 1980 (10) ;
– de mettre sur pied l’infrastructure et l’environnement électronique nécessaires.
À lire ce vaste programme, après la réussite spatiale chinoise, on ne peut qu’être persuadé du désir indien d’accéder au club atomique. Certains observateurs pensent que la décision sera prise avant 1972, date des élections générales qui s’annoncent très difficiles pour Mme Gandhi.
(1) AMSA (Advanced Manned Strategic Aircraft) : version moderne de l’avion stratégique piloté.
(2) Le SRAM (Short Range Attack Missile) est un missile d’attaque air-sol d’une portée d’environ 150 à 200 km. Lancé d’un bombardier selon une trajectoire semi-balistique, sa vitesse serait de l’ordre de Mach 6. Il peut donc être largué plus d’une centaine de kilomètres en avant des premières défenses ennemies. Il emporterait une charge d’une centaine de kilotonnes. Le SRAM a maintenant atteint le stade opérationnel.
(3) Le SCAD (Subsonic Cruise Armed Decoy) se présente comme un très petit avion subsonique sans pilote ayant pour missions de leurrer les radars ennemis en leur présentant une image analogue à celle d’un bombardier et de transporter une arme nucléaire destinée à détruire ces radars ou à exploser au-dessus du territoire ennemi en cas d’interception. Son autonomie maximale serait de l’ordre de 1 500 km et sa vitesse de même ordre que celle d’un bombardier volant à basse altitude.
(4) La promesse américaine de renforcer la marine turque a fait revenir Ankara sur son refus initial de participer à la force occasionnelle, « faute de bâtiments ».
(5) Ce n’est pas toutefois M. Rippon qui a été désigné comme ministre de la Défense dans le nouveau gouvernement, mais Lord Carrington qui avait déjà occupé ce poste de 1954 à 1956 dans le cabinet Eden.
(6) Les évaluations vont actuellement de 170 à 560 millions de dollars par an pendant dix ans.
(7) Mais aussi le plutonium suffisant pour fabriquer 50 bombes à partir de 1973-1974, la centrale n° 3 et les suivantes n’étant plus couvertes par l’accord indo-canadien d’utilisation pacifique de l’atome.
(8) Au Nord de Madras sur la côte Est - quatre emplacements de tir.
(9) Analogue au modèle américain Scout.
(10) Analogue aux engins américains Thor Delta ou Atlas.