Gambetta et l’Armée
Septembre 1870, c’est, dans la galerie des tableaux classiques de l’histoire de France, l’élan désespéré, héroïque et vain de la Défense Nationale et, lui donnant l’impulsion, l’action ardente d’un jeune avocat de trente-deux ans, porté par les événements à assumer presque seul la direction de la guerre. Ce rôle historique est à bien des égards paradoxal, car rien ne semblait y préparer Gambetta, fils d’un immigrant qui ne demanda jamais la nationalité française, civil sans aucune formation militaire, connu jusqu’alors seulement comme un tribun intransigeant et comme un politicien ambitieux. À l’image des grands ancêtres de la Révolution dont il se réclamait sans cesse, il s’éleva à la hauteur de sa mission et si sa tentative pour forcer le destin échoua finalement, elle mérite bien de rester comme la plus belle page de sa biographie.
À l’historien qui examine les textes de cet orateur fécond, l’attachement à la Patrie et le culte de l’armée apparaissent d’ailleurs comme des thèmes constants de sa pensée et l’engagement passionné de Gambetta pendant l’« Année Terrible » s’insère de façon moins surprenante qu’il n’apparaît au premier abord dans la ligne d’une existence où certaines variations tactiques ne doivent pas masquer une continuité fondamentale d’inspiration.
Pour une armée de la Nation
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