Au lendemain de la mort de l'Amiral Castex nous avons rappelé quelques-unes des vues prospectives contenues dans les cinq tomes de ses Théories Stratégiques (cf. numéro de mai 1968 de la revue) et annoncé que l'amiral nous avait laissé le Tome VI — inédit — desdites théories en nous chargeant d'en « faire l'usage que nous jugerions le meilleur ».
D'accord avec son neveu et héritier M. Charles Castex, nous avons pensé que le « meilleur usage » que nous pouvions faire de ce document était de le publier, ce qui va être fait aux Éditions de l'Herne, (collection « Théorie et Stratégie »). Nous estimons intéressant d'en publier ici un extrait relatif au déterminisme géographique français.
Contre-Amiral (R) Lepotier
La géographie intervient à différents degrés, à différents étages, peut-on dire, à différentes échelles. Pour les unités petites ou moyennes, c’est le « terrain », dont l’influence ne dépasse guère le domaine tactique.
Pour qui à la charge de la conduite des opérations sur un théâtre déterminé, il s’agit déjà d’une géographie de beaucoup plus grande étendue.
Enfin, quand on veut apprécier la situation générale des peuples sur la planète, à de multiples points de vue, il faut envisager la « grande géographie » : géographie européenne, océanique, mondiale même, parce que c’est la seule qui permette de juger comme il convient de certains ensembles et de la position qui en découle pour les diverses stratégies en cause, non seulement pour les stratégies militaires : terrestre, maritime et aérienne, mais encore pour la stratégie politique, la stratégie économique, la stratégie psychologique, etc…