Les Français. Portrait d’un peuple
Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? Et qui peut se targuer de ne dire que des vérités ? L’auteur est Français, mais écrit en anglais ; curieusement, son livre nous revient sous forme d’une traduction, ce qui peut sembler aussi bien un paradoxe, une plaisanterie ou une forme de l’humour. Il est long, très long, trop long. Un essai doit avoir pour qualité première d’être court : le scintillement de l’esprit à la longue fatigue et devient importun.
Sanche de Gramont a écrit un livre pour les Américains, habitués aux longueurs et aux répétitions, plus courageux lecteurs que nous, et plus patients. Et moins bons juges aussi, sans doute, puisque, tout compte fait, c’est bien de nous, tous les Français, qu’il s’agit. Le portrait qui est fait de nous n’est pas flatteur, ce qui n’est pas grave ; il peut être amusant, et souvent fort utile, de voir dénoncer ses défauts et ses travers. Donc, nous ne sommes pas aussi intelligents, aussi courtois, aussi généreux, aussi universels que nous pourrions le penser ; et notre histoire est une suite de belles images d’Épinal, un peu naïves, aux couleurs un peu crues ; Jeanne d’Arc, Vercingétorix, Napoléon, le général de Gaulle vivent en nous comme des personnages imposés, tout comme Victor Hugo qui avait bien tort de « se prendre pour… Victor Hugo » ! Nos systèmes politiques sont désuets ; notre administration ridicule. La guerre de 1914-1918, nous ne l’avons gagnée que grâce aux soldats « bien lavés » de Pershing. Il serait facile de continuer sur ce ton, qui est, en somme, celui de l’auteur.
Il reste que son livre est amusant, irritant, injuste et souvent profond et que sa lecture, qui demande du temps, ne le fait pas perdre autant qu’on le croirait… ♦